Les pulsations de la Madone
Le Golf-Drouot dans le 9ème arrondissement de Paris se situe à environ 1 000 km au nord du Col de la Madone. L'un fut autrefois le temple du rock'n roll, l'autre probablement l'ascension la plus célèbre qui n'a jamais figuré sur le Tour de France. Un homme et deux passions les unissent.
Au rythme de la batterie.
Le Golf-Drouout a versé de l'huile sur le feu brûlante à l'intérieur de Michel. Il est né dans le Centre-Est de la France, mais il a rapidement migré vers le nord de la capitale pour y trouver du travail. Michel était alors déjà amoureux de la musique d'Elvis et de son homologue français, Johnny Halliday. Il vendait des articles de haute-couture aux personnes riches et célèbres sur les Champs-Elysées. Vivre à côté de son travail n'était pas une mauvaise chose. La musique de la boîte de nuit Go-Go dancing en sous-sol résonnait à travers le plancher.
Au rythme de la batterie.
Le Golf-Drouout : 'C'était le temple du Rock and Roll'. Les Rolling Stones l'ont utilisé comme le lieu de leur conférence de presse lors de leur passage à Paris en 1965. C'était le premier concert de Bowie en dehors de l'Angleterre. C'était l'endroit où il fallait être et Michel était au cœur du spectacle. Le show dure assez longtemps pour motiver un trajet de 50 minutes de la Grande Corniche jusqu'aux abords de Nice situé à 925m au-dessus de Menton. C'est la Perle de la France qui se trouve à l'extrémité de la Côte d'Azur.
Au rythme de la batterie.
Le Golf-Drouot était une époque et un endroit différents de la maison. Une fois par semaine, Michel rangeait ses tambours à l'arrière de sa voiture avec une seule intention : se défouler sans craindre d'être expulsé par sa femme. Il admet candidement, 'Je ne joue pas comme eux, je ne suis pas le batteur des Rolling Stones !' Mais qu'est-ce que cela peut faire quand votre public est composé de sangliers, de bergers et de leurs troupeaux ainsi qu'un couple de cyclistes ou parfois même d'un peloton de professionnels comme Chris Froome ?
Au rythme de la batterie.
Le Golf-Drouot était au bas de la rue où Michel avait commencé sa carrière de vendeur en haute couture. Il trouvait qu'il avait un talent naturel pour ça. Etre amical mais pas trop, serviable mais pas arrogant. Après quatre ans à Paris, il s'installa sur la Croisette à Cannes où les clients étaient tout aussi riches et célèbres. Les vêtements, s'ils sont assez convenables, se vendent d'eux-mêmes, disait-il. Ils doivent avoir de la couleur et une touche de vitalité. 'Nous avons besoin de tenues éclatantes, nous sommes dans une région ensoleillée'. Dans un pays aussi divers que la France et des endroits tel que la Côte d'Azur, Michel estime que 'nous ne manquons de rien'. C'est pourquoi les vêtements doivent être originaux et colorés, à l'image du cadre qui les entoure.
Au rythme de la batterie.
Le Golf-Drouot est aujourd'hui fermé mais en 2014, les autorités parisiennes ont érigé une plaque en mémoire de son importance culturelle. Le signe traditionnel de la Madone n'est plus. La marie locale en a eut assez de la remplacer à chaque fois qu'il était volé, tel était l'attrait de cette ascension qui, à ce jour encore, n'a jamais figuré au Tour de France.
Ça n'a pas d'importance pour Michel. Il se rend au Tour presque tous les ans, mais plus comme une excuse pour voyager à travers la France et rouler à travers les Alpes et les Pyrénées. Son principe est de s'amuser et de faire en sorte que les autres fassent de même. De temps en temps, lorsque les cyclistes s'arrêtent sur la Madone pour bavarder, il leur offre une casquette de la collection qu'il a recueilli lors de ses voyages sur la Grande Boucle.
Au rythme de la batterie.
Le Golf-Drouot a commencé par du sport (en quelque sorte) et s'est terminé par du divertissement. Michel a découvert le Col de la Madone lorsqu'il l'a roulé pour la première fois et a bien cru que ça n'en finirait jamais. Au sommet, il trouva un lieu sauvage, en contraste total avec l'agitation de la Croisette, un lieu qu'il n'a plus qu'à partager avec les sangliers et les bergers.
Au sommet, Michel monte sa batterie, insère un CD dans sa chaîne stéréo et redécouvre les Beatles, les Rolling Stones et Chuck Berry. Presque à l'autre bout du pays, un peu de Golf-Drouot continue et continuera à exister aussi longtemps que Michel le pourra. 'Je pense que jusqu'à la fin de mes jours je monterais là-haut et je jouerais de la batterie rien que pour le plaisir.'
Au rythme de la batterie.
Notes: Photos & Video : Matt Wragg