Anatole Naimi.
ATLAS ODYSSEY

Anatole Naimi, athlète d'ultradistance de Café du Cycliste, nous raconte sa cinquième place à l'Atlas Mountain Race 2025…

Anatole Naimi, 24 ans, travaille comme mécanicien vélo en Belgique. Avant la pandémie, il découvre le voyage à vélo et se passionne pour l'ultradistance, discipline dans laquelle il s'est depuis spécialisé. Cette année, il se lance notamment dans la trilogie des Atlas, Hellenic et Silk Road Mountain Races.
L’an dernier, il avait abordé l’Atlas Mountain Race en duo, dans un esprit d’exploration. Cette année, malgré une préparation en demi-teinte, il s’est élancé avec l’envie de performer…
Comment t’es-tu préparé pour la course?
Honnêtement, j’étais loin d’être prêt physiquement! Après une fin de saison 2024 éprouvante, j’avais enchaîné la Trans Pyrenees Race (2 100km et 38 000m de dénivelé) et la Two Volcano Sprint (1 100km et 21 000m de dénivelé) avec seulement dix jours d’intervalle. J’ai alors ressenti le besoin de faire une pause et de me reposer. J’avais prévu de reprendre l’entraînement début décembre, mais la météo en Belgique était vraiment mauvaise. J’ai donc fait un peu de vélo de route, juste pour m’assurer d’arriver au bout de la course. Avec seulement trois à quatre semaines d’entraînement, je savais que ce ne serait pas suffisant pour espérer être au top. Un autre facteur important: je n’ai reçu mon VTT qu’une semaine avant la course et j’ai dû le monter moi-même. Quant au parcours, c’était le même que celui que j’avais roulé en 2023. J’en gardais des souvenirs, mais pas forcément dans le bon ordre. Une fois sur place, les pièces du puzzle ont commencé à s’assembler, ce qui m’a vraiment aidé dans ma prise de décision. Côté nutrition, je n’y ai jamais vraiment prêté attention, et c’est un aspect que j’aimerais améliorer pour mes prochaines courses.
Pour une course d’ultradistance comme celle-ci, qu’emportes-tu dans tes sacoches? Quels sont les accessoires essentiels pour toi?
J’ai opté pour un équipement très léger, adapté au parcours. J’avais une sacoche de cadre sur mesure Ena-Bags, qui me permettait de transporter deux bidons de 550ml tout en offrant un bon espace de rangement, une petite sacoche de selle, ainsi qu’un gilet d’hydratation avec une capacité de 1,5L.
Dans la sacoche de cadre:
- Kit de réparation
- Bivvy SOL Expedition + couverture de survie
- Gants fins + gants mi-saison
- Manchettes et jambières Café du Cycliste
- Chaussettes en mérinos Café du Cycliste
- Gilet sans manches Edith
- Veste imperméable
- Batterie portable 5 000 mAh + câbles
- Pompe
- Lingettes humides
- Huile pour chaîne
- Crème antifrottements
Dans la sacoche de selle:
- Chambre à air
- Chaussettes imperméables
- Doudoune
- Sac de couchage Sea to Summit Spark SP0
- 20 capsules d’électrolytes + 15 gels énergétiques

Raconte-nous comment s’est déroulée la course…
Nous sommes partis de Marrakech à 18h dans un peloton de 260 coureurs. Le départ a été rapide et nerveux jusqu'à la première montée, où chacun a fini par trouver son rythme. Lors de l’ascension vers Telouet (2 700m), avant la descente vers le CP1, mes jambes n’étaient pas au top, alors j’ai ralenti. Mais ensuite, j’ai attaqué fort dans la descente et suis arrivé deuxième au CP1. Je ne me suis pas attardé: j’ai tamponné mon brevet, enfilé mes jambières parce qu’il faisait -2°C, et je suis reparti aussitôt.
Deux heures plus tard, sur une descente rocailleuse, j’ai déchiré le flanc de mon pneu. J’ai passé 30 à 40 minutes dans le froid à essayer de le réparer de l’extérieur, et heureusement, ça a tenu jusqu’au matin. Mais à seulement 10 km du point de ravitaillement clé (une station-service avant une portion de 100km sans aucun approvisionnement), la réparation a lâché. Malgré plusieurs tentatives avec la pompe, impossible de faire tenir l’air. Frustré et à bout, j’ai continué en roulant sur le liner (insert en mousse) jusqu’à la station-service, en espérant y trouver un garage. Mais à mon arrivée, j’ai vite compris que j’allais devoir me débrouiller seul. J’ai commandé quatre omelettes, réparé mon pneu de l’intérieur, utilisé un compresseur pour le regonfler, et prié pour que ça tienne. J’ai perdu une heure sur place, mais le moral était bon: j’étais prêt à repartir à la chasse, loin derrière, mais toujours en course. J’ai poussé jusqu’à la tombée de la nuit, m’arrêtant vers 22h avant de totalement exploser. J’ai dormi quatre heures dans l’arrière-salle d’un café (au km420), puis je suis reparti à 2h du matin. L’objectif était d’avancer à un rythme régulier jusqu’au CP3 (km880). J’ai un peu surestimé mon rythme dans l’ascension de la route coloniale de nuit et, épuisé, j’ai dû faire une pause au sommet (1 800m, 0°C), où j’ai dormi dans mon bivvy de minuit à 1h30 avant de repartir. J’ai atteint le CP3 en 5e position. Je savais que mes jambes ne me permettraient pas d’aller chercher mieux, alors j’ai simplement géré les 420km restants, avec deux sections clés à franchir.
Après avoir roulé sur une portion de route brûlante (+30°C), la première section clé était une ligne droite de 18km dans le sable. Deux ans plus tôt, j’avais dû marcher pendant deux à trois heures. Cette fois, j’ai dégonflé mes pneus et réussi à tout passer sur le vélo, ce qui m’a permis de revenir sur Kevin, qui était 4e.
Finalement, après une nuit passée sur le vélo, Drikus, Kevin et moi nous sommes retrouvés ensemble au pied de la dernière section clé, à 140km de l’arrivée. Il s’agissait de la dernière grande montée, surnommée le "Stelvio marocain". J’ai décidé de tout donner, même si je savais que je ne pourrais pas les suivre. Ils m’ont dépassé au sommet, mais j’étais sûr que Thomas, derrière moi, ne pourrait pas me rattraper. Avec une centaine de kilomètres restants sur un terrain roulant, je me suis concentré sur le fait de bien finir plutôt que de forcer inutilement. Le dernier tronçon était magnifique: d’un côté, le soleil se couchait, de l’autre, une pleine lune éclairait la route. Ce moment était incroyable, même si j’avais hâte d’en finir!

Sur quel vélo as-tu roulé?
J’ai utilisé un Origine Théorème HT, un VTT semi-rigide avec 100 mm de débattement, équipé de roues carbone Prymahl montées sur un moyeu dynamo. Le vélo était doté d’un groupe Shimano XT 1x12 (plateau de 32 dents, cassette 10-51 dents). J’ai aussi ajouté des prolongateurs pour les portions roulantes.
Comment ton équipement Café du Cycliste a-t-il performé?
Les manchettes et jambières, ainsi que le gilet sans manches Edith, ont parfaitement répondu aux écarts de température entre la nuit et le matin. Le cuissard cargo s’est avéré très pratique, permettant de stocker de la nourriture et des déchets sans compromettre le confort, même sur les sentiers exigeants de l’Atlas. Les chaussettes en Primaloft ont été précieuses pour affronter le froid nocturne, mais je les ai également portées en journée sans inconfort malgré la chaleur. Enfin, le gilet Edith s’est montré à la fois léger, chaud et bien pensé, un vrai atout sur cette course.

