Transformer deux heures à l’intérieur d’une cabine pressurisée remplie d'air recyclé avec plus d’une centaine d’étrangers en une aventure de sept jours en plein air à travers tout un pays réunissant trois amis proches.

Une aventure qui se déroule à vélo jusqu'au plus profond de soi-même. Allant des détails de planification avant le départ jusqu’à la force mentale du sport que nous avons choisi. Ou plutôt, osons le dire, proche de notre style de vie.

Alors, pourquoi ne pas relier les boutiques Café du Cycliste et joindre le QG du Vieux-Port au magasin phare de la City ? De Nice à Londres. Du soleil à la City.

Ce fut une tâche digne de notre expert en longue distance, Matthieu, alias Manivelle.cc. Flâneur à vélo, Matthieu s'est tout de suite et un peu trop vite enthousiasmé du concept. Même si cela signifiait passer du soleil au vent de face et à la pluie. C'est tout de même Londres, en Angleterre.

Mais la première étape fut la France. Ou pour être précis, ses nombreuses régions et la richesse de ses paysages diversifiés. Aussi bien sur, pour sa générosité et son vin.

Elisabeth. Très française, agréable et bien éduquée au domaine du vin. Elisabeth aime danser, elle aime faire du vélo, mais surtout, elle aime le vin.

Grégory fait parti du trio. Né à Lyon, vivant à Berlin, l'Europe est son terrain de jeu. Il dit de ses complices qu’ils sont des buveurs ayant un problème avec le cyclisme, une affirmation qui sera testée sur la route.

Détails. Avant le départ, tout est dans le détail.

L'équipement : bagages et prépration, pneus et pression des pneus, vêtements et accessoires, pièces de rechange et secondes pièces de rechange. Un couteau. Toujours prendre un couteau.

L'itinéraire. Planifier la progression par rapport aux choix des routes secondaires préférées. Planifier en fonction de la météo. Prévoir des pauses en milieu de matinée, à la mi-journée et au milieu de l'après-midi. Organiser des arrêts de nuit.

Sans oublier de planifier le menu des boissons. Les meilleures de chaque région. Bandol, Côteaux Aix-en-Provence, Châteauneuf du Pape, jusqu'au Calvados avant de traverser la Manche. Tout doit être pensé.

Sur la route. L'hiver froid et neigeux a repoussé le tracé de la carte vers l'Ouest empêchant toute traversée de montagne. Une trajectoire de précaution a été tiré le long de la côte en direction de Fréjus avant de couper vers le Nord-Ouest sur quelques routes plus élevées menant à la vallée du Rhône.

Réduire les imprévus lors de la préparation et s'adapter à ce qui suit. Un peu plus de 230 km en guise de préambule. Et un rosé rafraîchissant à la fin du premier jour.

Une fois dans la vallée pour le deuxième jour, c'est un double défi avec le vent. Il se trouve que le trio a perdu. En d'autres termes, 228 km avec un vent de face. Si cela avait eut lieu le cinquième jour, le moral aurait pu s'effondrer assez vite.

Mais en l'état actuel des choses, un Audax par jour éloigne le médecin avec Londres en ligne de mire. Les jours suivants annonçaient de petites routes sinueuses à travers les champs de colza et les petits villages avec des cafés aux patrons déjantés.

Changement d’humeur sur un brevet de plusieurs jours. Chez les humains civilisés, une certaine tendance se fait sentir et les comportements primaires commencent à dominer.

Les jours et les kilomètres passent avec une douceur déconcertante, mais la principale préoccupation est la préservation des corps. Être à l’écoute de sa faim, sa soif. Trouvez les bonnes boulangeries et les bons magasins où l'on peut faire le plein rapidement - fruits, bonbons, cacahuètes, la meilleure collation que l’on puissie trouver. De cette façon, la durée des pauses est réduite au minimum.

Des routes sinueuses qui serpentent avec une vent avant et arrière, caressant les ondulations du paysage et devenant peu à peu hypnotiques. Les détails sont maintenant enfouis à travers une montagne de kilomètres et un million de tours de pédales.

Il devient difficile de savoir quel jour on est et où nous roulons exactement. Le bip Garmin indique le prochain repère de l’itinéraire. Suivi par habitude et confiance.

Due North commence à faire partie intégrante du GPS des trois cyclistes et, à force, la longue distance devient un flou de mouvement perpétuel.

Ils conontournent les grandes villes, les touchant à peine. Traversant un pays sans cage d'acier et sans moteur.

Notre capitale nationale est esquivée et soudain, en un clin d'œil, après avoir dit au revoir à la Méditerranée depuis plusieurs jours, il y a Dieppe et le retour de la mer. L'euphorie s'empare de nous tous.

Le port réoriente aussi les sens. Ce qui doit vouloir dire qu'on est vendredi, comme prévu. La France a été conquise en six jours. Les seules choses cachées à la douane, avant de monter à bord du ferry, sont les 1200 km dans les jambes. Les bouteilles de cidre et de calvados sont par contre bien déclarées.

Un nouveau jour à Newheaven. Sur la route, il y a cette impression de tout réapprendre. C'est la première fois que les trois cyclistes roulent en Angleterre. Tout est à l'envers pour une logique qui s'était habituée au code de la France.

La version anglaise des pistes cyclables calmes et tranquilles ressemble plus à des pistes de VTT qu'à des pistes cyclables. La progression est d'une lenteur inquiétante. Heureusement, à 150 km de Londres, trois amis viennent à la rescousse du trio. À East Grinstead, ils se retrouvent pour une escorte jusque la ville.