Mont Baldy: Montagnes du monde #10
Bien que L.A soit réputée pour son trafic urbain, cette ville est le refuge d'une culture de cycliste forte et diversifiée qui rivalise avec d'autres villes les plus adeptes du vélo. L'étalement urbain qui semble sans fin combiné à un système de transport en commun qui fait cruellement défaut, a depuis longtemps fait naître une communauté de cyclistes se déplaçant par eux-mêmes. Cela a donné naissance à une génération entière de cyclistes de nuit, de marathoniens et de riders à vitesse fixe.
Mais les usagers de la route soucieux de l'empreinte carbone ainsi que les cyclistes adeptes du fixie ne nous révèlent qu'une partie de l'histoire. Évadez-vous de ce méli-mélo de rues à sens unique qui composent le DTLA (Downtown LA pour nous Européens...), et vous découvrirez à quel point cette ville est faite pour le vélo. Même pour celles ou ceux qui sont nés et ont grandi ici, si vous n'avez pas passé beaucoup de temps sur deux roues, vous pourriez avoir du mal à croire que la ville que nous appelons La La Land abrite certaines des meilleures ascensions de cyclisme sur route du pays.
À quelques kilomètres au nord de sa brume et de son insomnie qui caractérisent le bassin de Los Angeles s'en trouve peut-être l'un des exemples les plus frappants - le mont San Antonio, ou, comme on l'appelle plus communément, le Mont Baldy.
Surnommé ainsi par son absence d'arbres aux abords de son sommet, le majestueux Mont s'élève au-dessus de la forêt nationale pour atteindre un sommet de 10 046 pieds, qui marque le point culminant des montagnes de San Gabriel et du comté de Los Angeles. Par temps clair, son sommet, souvent enneigé, domine l'horizon vers le nord, ce qui rend les édifices artificiels de la ville plus petits par contraste.
Deux voies pavées conduisent vers le sommet avant de finalement converger. L'une solide et impitoyable, l'autre pittoresque et inoubliable. Deux icônes à part entière.
Les cyclistes chevronnés à la recherche d'une ascension pure et puissante se tournent vers la route du Mont Baldy, tandis que le chemin Glendora Ridge qui passe par la détour Glendora Mountain offre un parcours plus sinueux parfait pour l'endurance en côte. Tous deux ont accueilli quelques-uns des plus grands noms du cyclisme avec des apparitions répétées sur le Tour de Californie en plusieurs étapes.
L'ascension de la route du Mont Baldy est l'une des plus difficiles de la région. Une ascension d'abord progressive puis presque verticale, avec un dénivelé de 4 600 pieds sur 12,7 milles, elle contient des segments qui sont comparés avec la célèbre de l'Alpe d'Huez.
Optez pour la route pittoresque de Glendora Mountain (mieux connue sous le nom de GMR) pour atténuer votre degré d'ascension, mais comme l'altitude est un jeu à somme nulle, vous rembourserez tout sur la distance.
En suivant la route du GMR jusqu'au sommet, vous parcourrez environ 27 milles pour subir un dénivelé de plus de 5 000 pieds.
Après 10 milles de montée sur un bitume parfaitement entretenu, prenez le côté droit de la bifurcation sur la route jusqu'à la transition vers le chemin Glendora Ridge. C'est ici que le grondement des amateurs de sport automobile ne devient alors plus qu'un bourdonnement lointain bientôt remplacé par des vues panoramiques à couper le souffle.
Au terme d'une traversée de 12 milles sur la crête sinueuse, au moment même où vous avez fait plonger la Cité des Anges dans l'oubli, vous apprécierez une dernière vue imprenable sur cette métropole désormais lointaine avant de glisser dans la ville du Mont Baldy.
Baldy Village, comme certains l'appellent, est un plan d'eau de l'époque, transformé en station de ski. Avec ses quatre remontées mécaniques installées en 1952 toujours en service, ce village hivernal d'antan prend vie lors la saison de ski. Les jours plus chauds, on dirait plutôt une scène apocalyptique de zombies, imaginant une armée de morts-vivants entièrement équipée de 'Garmins' et de 'Bonk Bars'.
Si vous êtes à court de rations, le Lodge du Mont Baldy est l'endroit idéal pour faire le plein d'énergie. Ce vestige alpin des années 1970, parfaitement préservé, est fréquenté par les cyclistes de passage pour un petit déjeuner simple et copieux. Toutefois, si vous prévoyez d'atteindre le sommet, ne vous alourdissez pas tout de suite. Remplissez plutôt vos gourdes à la station-service et continuez à avancer.
Pour ceux qui sont venus gagner leurs galons, les célèbres remontées mécaniques de Baldy (à un peu moins de 5 miles de la route) marquent la destination finale. Mais ne vous laissez pas leurrer par la proximité. Ce dernier tronçon de route sera sans aucun doute la partie la plus difficile de votre journée. Tenez compte du fait que vous êtes partis d'une altitude de 4 200 pieds et de l'énergie que vous avez déjà dépensée pour arriver à ce stade car les choses sérieuses ne font que commencer.
Avec plus de 2 100 pieds de dénivelé sur environ 4,6 milles et une inclinaison moyenne de 8,6 %, ce dernier segment a servi de sommet à l'étape reine du Tour de Californie où il a été officiellement classé hors catégorie..
Entre Icehouse Canyon et Manker Flats, vous découvrirez les fameux Baldy Switchbacks, sur lesquels la végétation environnante se métamorphose nettement, même si la plupart ont du mal à s'en rendre compte ou à s'en soucier car ils s'élèvent à plus de 1 000 pieds en moins de 2 miles. Puis, comme si le manque d'air n'était pas une punition suffisante, l'approche finale monte jusqu'à une inclinaison moyenne de 15 % dans ce qui semble presque être un effort de dernière minute pour vous dissuader de recevoir le prix mis en jeu.
Votre inclinaison se stabilisera de façon significative lorsque vous atteindrez le parking, mais continuez vers les remontées mécaniques afin de couronner complètement votre ascension. Une fois sur place, arrêtez-vous pour reprendre votre souffle et apprécier ce que vous venez d'accomplir. Prenez quelques photos bien méritées pour commencer votre propre carrière de cycliste évangéliste à L.A. et si vous êtes prêt pour encore plus d'altitude, prenez les remontées mécaniques au restaurant Top of the Notch.
Si vous n'êtes pas pressé de retourner en ville, choisissez le GMR pour votre descente. Avec ses courbes larges et arrondies ainsi que ses paysages épiques vous pourrez vous frayer un chemin dans chaque virage intérieur en toute confiance. C'est un plaisir que vous n'oublierez pas de sitôt.
Ce territoire précieux est le produit des lignes de failles géologiques qui le sous-tendent et il vaut la peine d'être mentionné, ne serait-ce que pour souligner son ironie - la raison même pour laquelle tant de gens ne songeraient jamais à s'établir dans cette ville est profondément liée à la raison même pour laquelle certains ne songeraient jamais à y partir. Un mélange idyllique de topographie montagneuse, d'énergie urbaine et de côtes ensoleillées en font un terrain de jeu improbable pour les guerriers du week-end et d'autres types de personnes aux personnalités différentes. C'est parfait ? Loin de là. En fait, ça craint pour beaucoup de choses, mais le vélo n'en fait pas partie.
Pour en savoir plus sur les ascensions emblématiques autour du monde, consultez notre série Montagnes du Monde.
Notes: Photographies par Tyler Isaccson // Video par Unbundled Underground