Comment développer un vélo pour une discipline indéfinissable ?
Depuis le début de l’année 2020, nous nous sommes associés à Cervélo pour proposer les vélos parfaits afin de parcourir les routes qui inspirent nos vêtements, y compris le nouvel Áspero. Mais comment développer un vélo qui défie toute définition ? Nous avons demandé à Maria Benson, le « cerveau » qui travaillent derrière ces machines comment ils ont résolu cette équation.
CDC : Cervélo est une marque qui a une histoire dans le milieu de la compétition où l’objectif principal est la performance – pourquoi développer un vélo de gravel ?
MB, CERVELO : Nous avons passé les dernières années à monter de gros pneus sur nos R5 et à rouler sur les pistes gravel de la région de Toronto. Dans le même temps, nous avons remarqué qu’à chaque fois qu’un vélo gravel sortait, la géométrie était plus haute, les performances moindres avec une maniabilité réduite. Toutes ces caractéristiques sont très bien adaptées mais réservées à un certain type de pratique. En revanche, des évènements très compétitifs comme le Dirty Kanza étaient remportés sur des vélos de cyclo-cross, ce qui nous a mis la puce à l’oreille. L’accent n’avait pas encore été mis sur la performance dans le monde du gravel. Nous nous sommes donc retrouvés dans la position idéale pour développer un vélo de course gravel.
CDC : De ce fait, quels sont les éléments les plus importants dans la conception de l’Áspéro ?
MB, CERVELO : Pour nous, cela était simple. Le vélo devait être rapide. En raison de la grande diversité rencontrée lors des épreuves gravel, les coureurs utilisent des configurations différentes selon les caractéristiques de la course. Plus le diamètre total des pneus est grand, plus la maniabilité devient lente. Notre Trail mixer de la fourche permet au cycliste d’ajuster son déport pour garantir la même tenue de route quelle que soit la combinaison de taille de roue et de pneu choisie.
Nous savions également que notre clientèle allait probablement se diriger vers une configuration légère. Par conséquent, pas besoin de rajouter des supports supplémentaires pour y monter des sacoches, portes bagages, à deux exceptions près. Un support sur le tube supérieur et la possibilité de monter un troisième porte-bidon. Ces caractéristiques nous ont paru indispensables compte tenu de l’engouement autour des épreuves de très longue distance.
Enfin, le vélo doit avoir une belle apparence. En tant que cyclistes, nous sommes inspirés par l’esthétique d’un vélo. En résumé, non seulement l’Áspero est un vélo rapide, mais surtout il en a l’air.
CDC : Quelles sont les différences entre le design de l’Áspero et celui du R5 ?
MB, CERVELO : L’Áspero s’inspire clairement du design du R5. Ce dernier est la référence en matière de maniabilité notamment grâce à la forme de ces tubes. Vous remarquerez que la forme du tube diagonal de l’Áspero est presque identique à celle du R5.
Le R5 a été développé pour les étapes de haute montagne d’un Grand Tour en mettant l’accent sur le rapport rigidité/poids, et il ne serait pas un Cervélo sans être aérodynamique également. Par exemple, la conception du « fastback » du R5 est la façon la plus efficace de faire la fonction entre le tube supérieur et les haubans, ce qui permet d’obtenir le rapport parfait entre rigidité et poids. La position du cycliste et la géométrie sont de ce fait respectivement basse et rapide.
L’Áspero a été développé pour une utilisation totalement différente où le confort du cycliste sur une longue distance est un élément essentiel. Les haubans abaissés ajoutent ainsi de la souplesse avec une rigidité moindre et le stack est réhaussé de 8mm par rapport au R5.
CDC : Où vos designers cherchent-ils l’inspiration ? Prennent-ils leur inspiration en dehors du monde du cyclisme ?
MB, CERVELO : On peut répondre à cette question de plusieurs manières différentes : 1. Le design du cadre 2. Le design graphique
Voici ce que notre chef produit, Jonathan Strack a à dire sur l’inspiration en matière de conception de cadres :
“Bien qu’une grande partie de mon inspiration vienne de l’industrie de la communauté cycliste, ce qui m’inspire le plus n’est pas ce que font les autres fabricants mais plutôt ce que font les cyclistes. Comment utilisent-ils leurs vélos ? Comment les personnalisent-ils ?
Je passe également beaucoup de temps à examiner les esquisses de concepts d’autres secteurs tels que l’automobile ou l’architecture. J’essaie de m’inspirer des thèmes et des styles d’autres designers sur leur façon de communiquer à travers leurs croquis et illustrations.
Enfin, le design graphique, et plus particulièrement la typographie, a une énorme influence sur mon design. Les parallèles entre le type de design et de produit prouvent que l’équilibre et les proportions sont fondamentaux pour que quelque chose soit beau.
Voici ce que notre graphiste, Alain Lanusse, a à dire :
L’industrie automobile est une grande source d’inspiration pour les couleurs et les finitions. Nous avons tendance à avoir avec nos vélos une relation similaire qu’un fan de voiture aurait avec cette dernière. Tout produit « performance » est une source d’inspiration précieuse, en particulier dans les industries qui s’adaptent rapidement aux changements du marché, comme les chaussures et l’électronique. Cependant, l’inspiration peut venir de tout ce qui crée ce « facteur d’excitation » ou vous rend enthousiaste. Parfois, on ne sait même pas forcément pourquoi.
CDC : Que pense une marque de vélo du design dans le secteur du textile ?
MB, CERVELO : Nous constatons qu’il existe une grande variété de style de vêtements de cyclisme, en particulier dans le monde du gravel. En fin de compte, les vêtements doivent être fonctionnels mais l’esthétique est le facteur qui a le plus d’influence.
Une peau de chamois haut de gamme fidélisera la clientèle. Personnellement, la hauteur des chaussettes est une expression claire du style.
CDC : Selon vous, quelles sont les évolutions les plus intéressantes ou les plus importantes en matière de design à l’horizon pour les vélos gravel ?
MB, CERVELO : Il y a beaucoup de choses qui sont expérimentées sur les vélos gravel : la taille des pneus, les suspensions, les moteurs, les géométries réglables (comme notre fourche Trailmixer). Cela s’explique en grande partie par le fait que le pilotage est différent selon le type de cycliste et le type d’endroit où vous vous trouvez dans le monde ainsi que la topographie du terrain.
A mon avis, ces éléments ne peuvent pas être classés par ordre de priorité mais devraient tous être pris en considération dans l’évolution du gravel. J’espère qu’il n’y aura jamais une définition trop précise sur ce qu’est le gravel en lui-même et ce qu’est un vélo gravel… C’est l’interprétation qui rend ce secteur si amusant !
Le Cervélo Áspero ainsi que le Cervélo R5 sont disponibles à la location dans notre café à Nice.