Jérôme Cousin : du peloton au désert
Il y a moins d’un an, Jérôme Cousin était encore coureur professionnel, participant aux courses les plus prestigieuses, du Tour de France aux grandes Classiques, il courait pour gagner, pour faire gagner. Pédaler dans le désert, enfourcher un vélo bardé de bagages, rouler sans contrainte de temps ni d’équipe est aux antipodes de son ancienne vie. Il semble en raffoler.
Des Émirats Arabes unis tout le monde n’en a que pour Dubaï, la ville de tous les superlatifs du luxe, la ville dont les immeubles touchent le ciel, la ville qui ferait passer Vegas pour un village de loisirs une étoile. A 150 de kilomètres de là, en direction du Golfe d’Oman, Shawqa est un lieu connu des randonneurs et autres vététistes, qui s’aventurent quelques heures dans le désert à la saison d’hiver, de décembre à mars, quand la température ne dépasse pas les 30 degrés.
Shawqa sera la rampe de lancement d’un ride de deux jours dans le désert pour Jérôme, un minimum de bagages, beaucoup d’eau avec pour seule contrainte trouver un lieu où dormir. L’objectif est d’arriver à Al Dhaid à un peu plus de 100km d’ici avant la nuit. Un peu plus de mille mètres de dénivelé s’annoncent au programme. Ce que l’itinéraire trouvé en ligne ne prévoyait pas en revanche, c’est l’énorme tronçon de route qui est venu balafrer le désert et en changer totalement la topologie.
Il faudra s’adapter, il faudra porter, il faudra même rouler sur le bas-côté de cette autoroute pour arriver jusqu’à Daftah. La journée est longue. L’orientation dans le désert même en embarquant de l’électronique, réserve son lot de surprises.
Tantôt les routes qui se construisent, ailleurs les fermes qui s’installent au milieu de ce qui constituait jusqu’ici un chemin. Sur cette portion d’itinéraire les chemins sont pourtant roulants, très rapides même par endroit, le terrain d’excellence pour rouler en gravel. Les paysages sont à couper le souffle.
Assoiffé, affamé, les étals de fruits sont une véritable aubaine, le plat de riz aux légumes et au poulet épicés vaudrait bien pour sa part un deux étoiles au Michelin. On est sans doute beaucoup plus généreux le ventre vide. En arrivant le soir dans la plaine, à l’entrée d’Al Dhaid, l’atmosphère est lunaire, un immense sentiment de sérénité flotte dans l’air. Le coucher du soleil colore d’orange le sable, le désert tient toutes ses promesses.
Le seul hôtel du village refusera le voyageur. « Complet » répète le jeune employé en costume en reluquant le vélo et le cycliste poussiéreux. Les choses se compliquent… D’abord manger un morceau puis trouver un lit. Les indiens qui tiennent le restaurant proposent à Jérôme un lit dans leur deux pièces, il sont déjà 7 à l’habiter mais il y a une place pour lui s’il le souhaite. Généreux, les voyages font les rencontres, ils nous confrontent aussi à la réalité de vies beaucoup plus difficiles que les nôtres ailleurs sur le globe.
Sortie de la ville au petit matin, après quelques kilomètres, quelques chameaux font leur apparition. C’est jour de course sur la piste d’Al Dhaid et ce sont en réalité des centaines de dromadaires qui se préparent à prendre le départ de ce qui constitue l’un des plus grandes traditions bédouines dans le pays. Ici, de riches propriétaires sont prêts à dépenser des fortunes pour acquérir des animaux parfaits, capables de courir vite et de remporter ces prestigieuses courses.
Les dromadaires sont montés par d’étonnants petits robots actionnables à distance pour leur faire donner de la voix ou de la cravache. Ils remplacent les enfants qui jusque dans les années 2000 prenaient d’énormes risques pour amener à la victoire les dromadaires qu’ils montaient. Le spectacle est fascinant.
Le sol est désormais devenu trop meuble, impossible de rouler assis sur le vélo, il faut le pousser, sur plusieurs kilomètres. Arrêt dans les petites épiceries locales, Le temps de se fournir en eau, en sucreries. Le temps d’une photo avec l’épicier curieux de voir ce voyageur traverser seul le désert.
Les derniers kilomètres après avoir longé la frontière d’Oman sont éprouvants. La piste roulante s’est transformée en un sentier caillouteux empruntant le lit d’une rivière ou montant à flanc de montagne. Il faut pousser le vélo encore et encore. La chaleur est devenue accablante, les bidons se vident dangereusement. Le dernier ravitaillement remonte à un bon moment.
Le périple s’achève où il a débuté, une boucle de près de 200km qui en deux jours vous transporte littéralement en un autre temps. La bouteille d’eau restée dans la voiture est bouillante, impossible d’étancher sa soif avec ça. Trouver une épicerie, une station-service, de l’eau… vite de l’eau. Et reprendre le cours de sa vie, rassasié d’une nouvelle expérience de vie.
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C'est sur route et hors route. C'est pédaler et pas pédaler. C'est de la course et non de la course. C'est partout et nulle part. Peut-on le déterminer ?
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