ÉTIENNE HUBERT
rush au coeur du Marathon des Gorges de l’Ardèche

Notre athlète Caravan Etienne Hubert et son coéquipier se sont lancés sur l'un des événements phare du kayak, Le Marathon des Gorges de l'Ardèche.
Le Marathon International des Gorges de l'Ardèche c’est l’histoire d’une épreuve sportive créée il y 40 ans, devenu au fil des années un évènement phare du monde du kayak et du canoë. La course réunit des pagayeurs du monde entier, plus de 20 nations représentées pour s’affronter dans un cadre naturel époustouflant du sud de la France. Un parcours de 32 kilomètres au départ du fameux Vallon-Pont-d'Arc pour se terminer à Saint-Martin-d'Ardèche à travers des gorges impressionnantes. L’endroit est un haut lieu touristique, les gorges se descendent chaque année par des dizaines de milliers de touristes dans la dilettante de la chaleur de l’été. Les 32 kilomètres se descendent d’ordinaire en 2 jours, le bivouac à mi-chemin fait partie de l’expérience touristique, les meilleurs de la course boucleront le parcours en un peu plus d’1h30.

Nous sommes samedi veille de course et nous avons justement rendez-vous avec les meilleurs de la course. Etienne Hubert, l’athlète Caravan de Café du Cycliste nous amène au coeur de son univers avec les meilleurs de ses potes. Etienne remet son titre en jeu, avec son binôme, ils sont les tenants de la victoire de l’an passé, ils avaient alors bouclé le parcours en 1h37. Devant la maison de Quentin, l’équipier d’Etienne, le local de l’épreuve, des bateaux se préparent dans une joyeuse ambiance. D’étonnantes embarcations customisées pour l’épreuve qui n’ont rien à faire dans une rivière. Ces “K2” dans le jargon (comprenez Kayak 2 places) sont d’ordinaire dédiés à des courses en ligne sur des plans d’eau sans courants ni remous.
Ils ont implanté sur l’avant des bateaux des flotteurs qui permettent au nez de l’embarcation de ressortir de l’eau plus rapidement dans les rapides, ils ont bricolé des systèmes de pompes électriques pour évacuer l’eau. “La gagne se joue dans cette maison” nous prévient Cyril Carré, kayakiste de l’équipe de France, qui compte 3 participations à des jeux olympiques à son compteur et de multiples titres de champions du monde. 800 bateaux prendront le départ demain, son annonce peut paraître présomptueuse, la course du lendemain nous montrera qu’elle ne l’est pas, la situation semble sous contrôle. Ces gars là on les connait déjà pour les avoir suivis dans une traversée de Alpes en gravel, sur un vélo ils nous avaient impressionnés par leur niveau de condition physique, sur l’eau ils vont nous émerveiller.
A 15h ce samedi, le “Rush” un sprint de 4 kilomètres en ouverture, mais d’abord un petit ride gravel en guise de “déblocage”. A quelques encablures de chemins du mas familial, l’Ardèche serpente au fond d’un impressionnant abrupt. Les deux lascars enfourchent les vélos, nous suivons leur trace sous un ciel de grisaille. Pour demain les chaînes météo annoncent un été indien, un jour de course sous le soleil. Le “Rush” sera une formalité, les deux bateaux se placent aux deux premières places, le ton est donné.
Dimanche matin, la bourgade de Vallon Pont d’Arc vient de retrouver l’effervescence d’un mois d’été. Partout sur les routes circulent des vans et des remorques chargés de bateaux de toutes tailles, les zones de mise à l’eau s’animent dans de multiples langues, pas de doute il y aura beaucoup de monde sur l’Ardèche aujourd’hui.
La technique et l’esthétique du kayak sont captivantes. S’extraire de la masse dès le départ, prendre la tête pour s’expliquer avec les meilleurs, c’est un scénario de course somme toute commun à de nombreuses disciplines. Les 5 premiers bateaux franchissent le Pont d’Arc quelques 4 kilomètres et 10 minutes après le départ. Ils frayent en silence, formant un V comme voleraient des oiseaux migrateurs pour prendre le meilleur des éléments et économiser un maximum de leurs forces. Les bateaux se touchent presque, la cadence d’un pagayage parfaitement synchronisé à la manière un ballet répété de multiples fois pour offrir le meilleur des spectacles un jour de représentation. Une course au seuil de plus de 90 minutes pour les athlètes dans les bateaux et parfois un sprint pour clore la course, alors que le parcours se solde par une remontée du courant dans un chenal de 250 mètres. Etienne et Quentin l’avaient emporté au sprint l’an dernier contre le bateau de Cyril justement, il avait fallu fournir un effort considérable dans les derniers mètres pour s’imposer de deux petites secondes. Il en sera autrement cette année.
Une heure après le départ, seuls 4 kayaks bi-places se partagent la tête de la course. Les bateaux dévalent majestueusement la rivière là au fond des gorges escarpées. 400 mètres plus haut, les voitures s’arrêtent sur la route pour voir passer les minuscules kayaks, spectacle singulier. Une heure de course, c’est à peu près à ce même moment que la pagaie d’un bateau adverse va malencontreusement casser net le gouvernail du biplace d’Etienne et Quentin tuant instantanément tout espoir de victoire sur cette édition 2024. Sur la ligne d’arrivée, des centaines de personnes massées attendent le dénouement de la course. Sur l’écran géant, les images transmises montrent un kayak qui s’est largement détaché des autres pour faire course en tête. Nous reconnaissons le bateau jaune de l’équipage emmené par Cyril Carré, sujet maitrisé comme annoncé la veille.
Nous retrouvons Etienne et Quentin sur la ligne d’arrivée, il n’ont pas pu livrer le combat qu’ils auraient aimé livrer. Les deux jeunes papas gardent la banane et sourient malgré leur mésaventure. L’oeil brillant, c’est aussi l’année où ils quittent l’équipe de France et le haut niveau qui rythment leur vie depuis tant d’année.
Quitter le haut niveau ce n’est pas quitter l’aventure nous assure Etienne Hubert, nous parlant déjà de son nouveau projet qui alliera vélo et descente de rivière au printemps prochain avec une partie de la joyeuse équipe.

Tu as aiguisé notre curiosité Etienne, tu ne veux pas nous en dire un peu plus ?
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