GRAVEL MAFIA
Chevauchée polychrome dans l’automne du Québec

La Gravel Mafia nous a emmenés sur un ride aux paysages multicolorés près de Montréal.
Bienvenue à Bromont, un bled de 12 000 âmes situé à un peu plus d’une heure à l’est de Montreal. La petite ville pourrait être l’un de ces lieux anodins de l’immense Canada mais Bromont est olympique pour commencer, haut lieu des épreuves équestres des Jeux de Montreal en 1976, la petite ville avait alors seulement 12 ans. La petite station de ski connue pour son ski nocturne est par ailleurs en passe de devenir une capitale du cyclisme, de par sa situation exceptionnelle et sa foultitude de pistes qui font d’elle une terre de gravel hors norme (nous y reviendrons), mais aussi pour les équipements haut de gamme qu’elle compte. Bromont dispose d’un improbable vélodrome flambant neuf, d’une piste de BMX renommée, d’un bol BMX indoor ainsi que d’une piste de pumptrack au coeur de l’anneau couvert. N’en jetez plus !

C’est précisément à Bromont que les fondateurs de Gravel Mafia nous ont donné rendez-vous pour un ride sur les pistes des terres vallonées d’Estrie. Andreas et Jasmin se connaissent tous les deux depuis de nombreuses années, ils ont écumé ensemble les circuits de cyclocross, leur discipline de prédilection. Gravel Mafia c’est l’idée de réunir une communauté autour d’un vélo décontracté. “On voulait un truc un peu punk, plus dévergondé, pour des gens qui ne se prennent pas au sérieux sur un vélo” nous dit Jasmin. Lui a durant des années pratiqué le pignon fixe en compétition. Il s’est passionné pour le cyclocross lors d’un séjour de 4 ans au Japon, de retour en Canada en 2021, son vélo s’est mué en gravel, Gravel Mafia est né de cette envie de partager une passion montante. “Rien d’officiel, ce n’est pas un club juste un regroupement de cyclistes qui veulent découvrir des espaces adaptés au gravel dans Montréal et en périphérie. On fixe une heure et un lieu de rencontre une ou deux fois par semaines en fin de journée, on est toujours 20 à 30 personnes à rouler dans la bonne humeur, c’est l’esprit Gravel Mafia”
Andreas lui a 30 ans de vélo derrière lui, pas mal de compétition sur route, des critériums. Il rejoint Jasmin alors résident au Japon et en rentre lui aussi mordu de cyclocross. Ils participent ensemble à de nombreuses compétitions et consacrent aujourd’hui encore du temps à cette pratique. C’est assez naturellement qu’ils ont monté sur leurs vélos des pneus un peu plus gros et sont partis explorer les nombreuses pistes alentours. Ici l’hiver est rude, à compter de mi novembre jusque fin avril “il faut être très très motivé et masochiste pour rouler au Québec” pour reprendre les mots de Jasmin. -30°C c’est une température courante ici en hiver. Alors il y a cet incroyable vélodrome qui est sorti de terre ici à 1h de route de Montréal qui a changé les habitudes en terme d’entraînement. Une nouvelle passion aussi. Désormais, ils n’hésitent plus à plusieurs à venir deux fois par semaine ici pour tourner sur l’anneau. Grisant.
“Je nous ai préparé un ride typique entre les petites de villes de Bromont, Sutton, Cowansville. On fera un arrêt bagels à Sutton, l’endroit est très sympa. Viendra le moment d’attaquer la côte la plus costaud de la journée, on fera un stop chez le “dépanneur”, puis on rentrera à Bromont, ça nous fait une boucle d’un peu plus de 70 km”. Le ton est donné, le décor va bientôt être planté, la journée ensoleillée qui s’avance promet de bons moments.
Céline et Valérie, les filles du groupe ont des fourmis dans les jambes. Sitôt quittée la première section de route, elles prennent le large sans même se rendre compte que nous venons de basculer sur une portion de terre. Le revêtement est à ce point compact qu’il est difficile de faire la différence avec l’asphalte. Les petits cailloux qui effleurent pourraient cependant rapidement causer des crevaisons si nos vélos avaient été chaussés de pneus de route. Ici pas d’ascension longue et franche mais une succession de bosses, de vallons, des “petits coups de cul” permanents qui en fin de ride cumuleront un peu plus de 1000 m de dénivelé positif.
Il y a ces étendues de forêts multicolores, féérie d’octobre au Canada qui constitue le charme indiscutable d’un parcours comme celui-ci . L’Estrie est une région agricole, la viticulture est l’une des principales activités, de beaux domaines jonchent les routes principalement sur la fin de parcours. Il y a ces belles propriétés, ces habitations lieu de vie et de villégiatures perdues, loin de l’agitation, loin des villes. On imagine aisément ce que doit être l’hiver ici. Les pistes recouvertes de neige rendent les déplacements périlleux, à la merci des déneigeuses qui doivent ici sévir dans les zones les plus reculées. Il y a le charme des petites villes que nous traversons à l’instar de Sutton, petite bourgade pittoresque, animée d’un grand nombre de personnes attablées sur les terrasses en bois des bars et des microbrasseries qui fleurissent un peu partout au Québec. Nous poussons la porte de Cycles Campus où le nouveau propriétaire des lieux, Jean-François Bianchi, nous attend avec des Bagels et un fromage frais hors norme. Ce français d’origine a grandi à Montréal. Fils d’une famille d’horlogers, il est retourné un court moment de sa vie dans le Jura où il a appris la mécanique vélo, il est de retour ici, convaincu que la région a une belle page à écrire dans les années qui viennent dans le petit monde du vélo. Le magasin de Sutton constitue une halte incontournable pour les amateurs de beaux vélos et de mécanique de pointe, le lieu vaut une halte.
Nous avons repris les vélos, une autre étape incontournable du périple nous attend quelques kilomètres plus loin, les établissements “F.G. Edwards - Since 1928”. Le Dépanneur, un petit magasin sorti tout droit d’un Western, ce genre d’échoppe où dans quelques mètres carrés vous pourrez tout trouver, ou presque. Charles Ingals pourrait pousser la porte du magasin à tout moment sans que cela n’étonne personne. Un mode de consommation qui vous propulse des décennies en arrière, une ère où marketing et profondeur de gammes étaient des termes inexistants. Ici, du sécateur au marteau, de la pelle au plaid un seul produit ou presque, pour le choix passez votre route. Edwards est cependant devenu un lieu de curiosité où il est possible d’y trouver des objets rares, de belle facture, au caractère authentique.
75 kilomètres plus tard nous posons les gravels, fin d’une journée comme on les aime. Nos vélos nous ont fait visiter du pays, rencontrer des gens, vivre des expériences nouvelles, imprimer des paysages et des couleurs sublimes, fournir un effort qui nous fait sentir vivants.
Le Québec est un lieu de choix pour le vélo nous le savions déjà, la région de l’Estrie est pour sa part incontournable, explorez là, Gravel Mafia vous fait vivre l’aventure grandeur nature !
👇
TÉLÉCHARGER LE PARCOURS.