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Le Transcontinental Race No7

La Transcontinental Race est une montagne magique. Une montagne truffée de pièges où les aptitudes physiques doivent se conjuguer avec un certain sens du jeu, de stratégie, d'actions réfléchies pour se déjouer des mauvais tours sciemment parsemés par le staff sur l'ensemble du trajet.

Cette année, des pièges, il y en avait beaucoup.

Le Transcontinental Race No7

No5, No6 et maintenant No7.

La distance est plus longue, j'en aurai pour 4158 km.

Le dénivelé terrifiant, notamment sur les parcours obligatoires. Plus long, plus durs, plus piégeux que jamais.
À noter une tendance assez perverse pour les 'Hike a bike' qui aura beaucoup fait parler pendant et après course, mais qui a le mérite de remettre chacun au même niveau, si je suis d'accord pour dire que 'ce n'est pas du vélo', c'est indéniablement un test mental, bête coureur poussant son vélo sur des murs interminables, le temps de réinjecter une dose d'humilité face à la nature.


Le Transcontinental Race No7

La météo ne se commande pas. Je n'arrive pas à me souvenir d'un jour sans vent de face, sans orages, sans pluie ou sans chaleur intense. Ou même sans tout à la fois. Il aura fallu composer avec ça aussi, pour tous.

Le Transcontinental Race No7

Tout change.

Les précédentes éditions nous partions de Belgique, vers l'inconnu. La multitude de routes disponibles et le départ de nuit faisait que chacun se retrouvait vite seul face à sa destinée.

Cette année le scénario fut bien différent.


Le Transcontinental Race No7

Partir de l'inconnu, vers Brest, en France. Une immense diagonale rejoignant la Mer Noire à l'Océan Atlantique.

Le départ de jour ainsi que les longs parcours obligatoires ont considérablement réduit les options de routes. Il faut bien avouer que jusqu'au CP3 en Autriche nous avons formé une sorte d'immense peloton étiré à travers les Balkans puis le Tyrol où il était très fréquent de croiser des concurrents.

Bulgarie, Serbie, Croatie, Slovénie, Autriche, Italie puis retour en Autriche. Les sommets comme les frontières défilent comme les épisodes d'une bonne série télévisée. Restera la Suisse avant l'entrée finale en France et sa tempête redoutable en approche, annoncée sur tous les bulletins météo...


Le Transcontinental Race No7

À défaut de vivre dès les premiers kilomètres l'introspection inévitable que procure la solitude sur d'aussi longue distance, la promiscuité des pilotes aura scellée de nouvelles amitiés et fait le plein de souvenirs communs. D'une halte sur un monument Bulgare à un bivouac Serbe, d'une pizzéria Italienne aux stations services françaises, d'un orage terrifiant en pleine foret Slovène à l'ascension du Col du Galibier de nuit. Autant d'images frissonnantes dont je ne serai pas le seul dépositaire, le partage fut énorme.

Le Transcontinental Race No7

Tout s'est bien passé, sauf.

Les quatre check point en poche dans les temps de course, j'entame la dernière partie. Une grande diagonale des Alpes jusqu'à Brest. Si j'ai su me déjouer de la météo dans les Balkans et en haute montagne, c'est un très fort vent de face parsemé de pluie qui va me tenailler pendant quatre jours.

J'en avait prévu trois.

Face au vent, deux options. Sois vous possédez des qualités athlétiques conséquentes, sois vous faites le dos rond. J'ai fait le dos rond. Et j'ai perdu du temps.


Le Transcontinental Race No7

À lutter contre un fantôme qui n'avait pas d'autre idée en tête que de me plaquer au sol pour un long moment, je me suis usé. Physiquement et mentalement. Voir mon objectif s'enfuir pour une poignée d'heures face à un ennemi invisible m'a désarmé, comme un sentiment de déjà vécu. Mais cette fois encore, il ne m'a pas abattu : 16 jours, 14 heures et 30 mns. Brest. Les copains, une douche de bière, des embrassades, des cris de joie, une arrivée heureuse.

Je visais 24 heures de moins, qu'importe, la Transcontinentale est une montagne magique, rempli de bonheur comme de malheur, comme la nature c'est toujours elle qui a le dernier mot, on se doit de faire de son mieux, l'accepter et garder le meilleur de tout ça.


Le Transcontinental Race No7

J'ai toujours aimé ce mot, trilogie.

Il sonne comme quelque chose de fantastique. D'épique. Il a ce côté Star Wars avec tout ses héros et ses rebondissements. Alors j'en suis là, la trilogie est bouclée.


Le Transcontinental Race No7

Du désespoir dans le High Tatras en Slovaquie en 2017, des larmes d'émotions du Mangart Sedlo en Slovénie en 2018 jusqu'au sentiment désarmant du temps qui file au milieu des plaines désertes du Centre France, ces trois éditions resteront gravées à vie comme parmi les plus enrichissantes. En cyclisme, sans aucun doute les moments les plus palpitants.