Vélo Ski - Le Nouveau Duathlon
À 1600m d'altitude, au cœur du Parc National du Mercantour, entouré de pics enneigés, la voiture est chargée deux par deux. Les vélos, c'est bon. Les skis, c'est bon. Les sacs de montagne, c'est bon aussi.
Ici, on pourrait penser à tort que le cyclisme a été abandonné sur les routes côtières les plus chaudes pour un sport alpin hivernal et plus traditionnel. Ce n'est pas le cas pour Manon et Audrey qui, face à ce choix entre les deux sports, choisissent la troisième option - les deux. Pour elles, l'horizon est leur limite et la façon de s'y rendre est la partie amusante.
Audrey est née en montagne, Manon au bord de la mer. Mais elles ont toutes les deux grandis sur les pistes (les parents de Manon sont grenoblois). L'aventure, la vitesse et l'amour du grand air sont ancrés dans leur cœur.
Audrey est une ancienne athlète de ski alpin devenue enseignante à Saint-Étienne-de-Tinée, le village de la vallée en contrebas d'Auron, sa ville natale. Manon est une étudiante en commerce devenue propriétaire d'un magasin à Auron.
Elles sont amies depuis que Manon a quitté la ville balnéaire de Cagnes-sur-Mer pour s'installer en montagne à environ deux heures plus haut. Elles se sont liées d'amitié en explorant le terrain de jeu qu'offre la montagne au pas de leur porte.
Auron est situé au-dessus de la vallée de la Vesubie à l'ouest, juste avant que la route ne sorte du bassin de Saint-Étienne-de-Tinée pour monter au sud jusqu'au Col de la Bonette. Bien que l'accès de la route la plus haute d'Europe (nous savons que c'est la route goudronnée la plus haute qui passe d'une vallée à l'autre) puisse être fermée pendant ces mois d'hiver, les possibilités restent infinies, surtout lorsqu'on s'équipe correctement.
La vie en montagne à la mi-saison est bien chargée, Manon et sa partenaire Flo ne cessent jamais de travailler entre la location de skis et la vente d'équipement à cette clientèle exigeante et nombreuse qui recherche une solution rapide en montagne. En tant qu'enseignante, Audrey a aussi un programme très chargé pour l'éducation des enfants de la région, sauf le mercredi où ses élèves ont droit à une pause en milieu de semaine. C'est ainsi un jour d'évasion garantie en plein air avec une dose hebdomadaire essentielle d'aventure en montagne.
À 15 km au nord de Saint-Dalmas-le-Selvage, le hameau situé au pied de la première vallée à gauche du col de la Bonette est déja loin des remontées mécaniques et des chalets qui dégagent l'odeur du fromage fondu. C'est un beau village qui a conservé son caractère traditionnel - seules la pierre et le bois sont apparents. Pas de façades de magasins ni de matériaux synthétiques ici. Situé au pied du Col de la Moutière, c'est le point de départ idéal.
La Moutière est l'alternative la moins connue du Col de la Bonette et en tant que petite sœur, elle n'attire pas l'attention des équipes de déneigement. Audrey et Manon sont chargées - de sacs avec leurs chaussures de ski, des pièces de rechange essentielles et leurs skis croisés accrochés au dos.
.Les gros pneus touchent la neige. Prendre la route jusqu'au début de la piste de ski de randonnée et traverser la montagne jusqu'au sommet. Depuis deux ans, Audrey et Manon développent leur stratégie pour gravir n'importe quelle montagne de la façon la plus douce et la plus délicate avant de redescendre sans effort à pleine vitesse. Montée d'adrénaline garantie.
Le silence qui accompagne la conduite sur la neige ne fait que renforcer cette sensation et donne envie de quitter la route pour explorer plus loin, plus haut jusqu'au niveau suivant - il est temps de lâcher les pédales et d'attacher les fixations. Sortir de la piste dans la poudreuse fraîche et sauvage. C'est à vous de décider quelle direction prendre. Il s'agit d'un défi, mais pas d'un défi insurmontable que vous ne pouvez pas gagner. Il s'agit de regarder au loin et vers le haut. Toujours plus haut.
En arrivant au sommet de la montagne surplombant Saint-Dalmas, le soleil a changé de position et projette des reflets d'ombre et de lumière sur les pistes en contrebas. La poudreuse non damée est maintenant marquée par des traces de ski. Il est temps de changer de direction et d'ajuster les fixations qui assuraient l'adhérence lors de l'ascension. Mais pas avant d'apprécier le moment.
Audrey se souvient alors pourquoi elle est retournée vivre en montagne après avoir étudié quelques années à Nice :
'Vous entendez ça ? C'est le murmure des montagnes'.
La descente est la partie préférée de Manon. Elle vit pour la sensation de vitesse - cette sensation de vitesse qui est le fruit de la lecture rapide de la piste que l'on dévale et de la gravité en descente. Qu'il s'agisse de ski ou de vélo. L'adrénaline est sa principale source de motivation à grimper. Et après l'effort, toutes les deux sont heureuses de pointer leurs skis vers le bas car c'est maintenant l'heure du gouter. Raclette ?
Avec une population de seulement 60 habitants à Saint Dalmas en hiver, le silence du village est saisissant. En passant devant les quelques habitants de la région qui déjeunent avec leurs skis attachés au sac, cela ne passe pas inaperçu, mais Audrey connaît tout le monde dans cette région et quand ils la reconnaissent, tout s'explique. Chez Valerie est le seul restaurant de la ville.
Audrey s'écrie 'bonjour' et entre immédiatement dans la cuisine pour préparer la raclette. Double sport égale double menu bien sûr. Assis près du feu alors que la lumière diminue dehors, Audrey et Manon commencent à discuter du lieu de leur aventure pour la semaine prochaine. L'horizon est définitivement leur seule limite.
Note : Un grand merci à Audrey et Manon pour avoir partagé leur déjeuner d'aventure.
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