Badlands 2024 : Récit

Notre athlète Café du Cycliste Benjamin Schmetz a participé à la Badlands, une course ultra de 800km dans la chaleur intense des déserts du sud de l'Espagne.
La Badlands a gagné en réputation dans le milieu ultra-cycliste. Axée sur le gravel, cette course de 800km se déroule au sud de l'Espagne et traverse les seuls déserts d'Europe : le désert de Gorafe, Tabernas et la Sierra Nevada. Notre athlète Benjamin Schmetz nous raconte les challenges mais aussi la beauté de cette course sur un terrain aussi technique que magnifique.

Comment t'es-tu préparé pour la Badlands ?
J'ai accumulé beaucoup de kilomètres depuis le début de l'année - fin juin j'ai fini une aventure de 2,500km et j'ai eu besoin d'une pause pour récupérer physiquement. En août, mon endurance est revenue très rapidement. J'ai fait plusieurs sessions pour me rassurer, notamment la Via del Sale, en passant par le Mercantour, à cheval entre l'Italie et la France. C'est une route difficile mais avec des vues à couper le souffle - comme un restaurant étoilé, ça vaut le coup de se déplacer ! J'ai essayé énormément de façons de m'entrainer, mais je suis au meilleur de ma forme quand j'accumule beaucoup d'entraînements à faible intensité. Il faut juste sortir, et pratiquer.
Sur une course comme celle-ci, qu'est-ce que tu emporte avec toi - quels sont tes indispensables ?
C'est intéressant car pour la Badlands j'ai décidé de changer mon set-up. J'ai choisi un montage plus lourd que d'habitude et j'ai pris avec moi tout ce qui me fallait pour être en auto-suffisance pendant 800km. J'avais trois sacs avec moi :
• Une sacoche de tube avec mon kit de réparation (kit tubeless, multitool, chambres à air, patte de dérailleur)
• Une sacoche de cadre avec tous mes électroniques et ma nourriture
• Une sacoche de selle avec mon équipement de bivouac, une couverture de survie, mon imperméable, un haut chaud, de la nourriture lyophilisée, une trousse de toilette avec de la crème anti-frottements et des pansements au cas où, et une deuxième batterie de secours.

Raconte-nous la course.
Badlands est unique à cause des paysages traversés qui offrent des environnements complètements différents. Durant 800km tu traverses des forêts, des déserts et mêmes des paysages côtiers. La ligne d'arrivée est à Capileira, un village proche de Pico de Veleta, la route la plus haute d'Europe. J'adore ce mélange de paysages. Un vélo gravel est le plus approprié pour la course mais une chose à garder en tête est le dénivelé de 16,500m qui challenge tout le long - il faut être équipé. L'édition 2024 a été marquée par la chaleur avec des températures dépassant 40°C chaque après-midi. J'étais complètement bouche-bée par le désert de Gorafe. Même si j'avais fait des recherches en amont, je n'avais pas réalisé qu'un tel désert existait en Europe. Par contre ce n'était pas drôle à traverser sous une chaleur épuisante.
Par contraste, j'ai le plus apprécié la dernière partie de la course, avec 4,500m de dénivelé dans les derniers 140 kilomètres. J'ai bien réussi à gérer mon sommeil : trois heures la première nuit et deux heures la deuxième. Je me suis senti plein d'énergie le troisième jour - peut-être même un peu trop! -et ça m'a permi de finir Badlands avec le sourire et des bonnes vibes, en 27e place après 64 heures de route.

Quel est ton set-up ?
Mon vélo est un Cervelo Aspero. Je suis hyper content - il est rigide et sa géométrie est confortable. J'ai roulé avec des pneus tubeless en 40mm, qui étaient juste parfaits. Le groupe est un 48/31, avec un double plateau et une cassette 11-38. Pour moi c'est un montage parfait pour aller partout et très fiable.

Comment ton kit t'as aidé à optimiser ta course ?
Mon cuissard Eva est la première pièce que j'ai pris. Premièrement car je sais que je peux rouler des heures confortablement et parce que les poches sont super pratiques pour le bike-packing. Elles me permettent d'accèder facilement à ma nourriture ce qui m'évite de m'arrêter. Pendant la Badlands j'avais ma crème solaire pour pouvoir en appliquer en roulant. Le confort est un facteur fondatemental pour réussir en ultra. Une longue sortie c'est 5-6 heures sur le vélo, mais en ultra ou en bikepacking c'est 20h/24. Il faut tout optimiser pour éviter au maximum l'inconfort. Cela signifie une bonne position sur le vélo, des tissus qui fonctionnent sur tous les types de météo, de la plus chaude à la plus froide. J'apprécie beaucoup la gamme Audax qui est pensée pour l'ultra, avec plus de confort et de rangement.
La nuit je porte souvent la veste Zélie, avec la capuche sous mon casque pour garder au maximum la chaleur.

Est-ce qu'il y a un moment qui t'as particulièrement marqué?
À la fin du deuxième jour, lorsque je suis arrivé sur la côte. La route nous a emmené sur des petits sentiers, des portions de route sur le sable où il fallait parfois descendre, au travers du parc national Cabo de Gata-Níjar un endroit sauvage et préservé de l'Espagne. C'était magnifique !
J'y suis arrivé après une longue journée où j'ai souffert de la chaleur extrême, donc arriver et voir le bleu de la Méditerranée m'a offert une bouffée d'air frais - une vraie vague de fraîcheur. Cela sonne peut-être ridicule mais cela montre comment les plus petites choses (comme la nourriture) peuvent être reconfortantes sur des challenges aussi longs.
Quelle est la plus grande leçon que tu en ai tiré et as-tu des conseils à ceux qui veulent se lancer sur la Badlands ?
Je pense que j'ai un peu trop réfléchi à la course et que j'étais sur la defensive... au final concourir est quelque chose que j'adore. J'ai eu des doutes sur le fait que je puisse finir mais j'ai trouvé le moyen de booster ma confiance en moi, et je vais essayer de rouler plus vite et de prendre plus de risques dans mes futures courses ! Mon meilleur conseil c'est de bien étudier la route, les points de ravitaillement et les horaires d'ouvertures des magasins sur la route. Il n'y en a pas beaucoup et il ne faut pas les manquer. Il faut aussi être prêt à aller doucement. Il y a des portions de route où il faut constamment s'arreter, descendre, pousser son vélo et remonter encore - surtout dans les parties sableuses de Tabernas.
Et le mental ? Comment trouves-tu la motivation et la force quand les choses se compliquent ?
Je pense que c'est important de prendre les choses légèrement. Ce que je fais c'est ma passion. Je ne fais pas de sacrifices; tous ces challenges sont des interludes magiques pour moi. Les limites de temps sont généreuses et il y a toujours une solution. On peut tous faire face à des problèmes médicaux qui nous forcent à abandonner et je trouve que la phrase "Ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts" est assez ridicule. Beaucoup de participants abandonnent car ils réalisent qu'ils ne réussiront pas à terminer dans les temps qu'ils s'étaient imposés. Le plus important c'est de savoir pourquoi vous êtes là, pourquoi vous faites ça et surtout le plus important : faire tout cela pour vous même. C'est impossible de se mentir à soi même car à la première difficulté vous aurez envie de baisser les bras et faire demi-tour. Soyez vous-même.

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