Des légumes sur les toits de Monaco
A quelques kilomètres du port de Nice, Monaco fait partie des plus petits pays au monde. Enserré dans le territoire français, sa seule façon d’accroître sa surface habitable est de gagner sur la mer ou de faire pousser ses tours en hauteur.
Plus l’espace est rare et plus celui-ci est cher, vivre à Monaco est réservé aux privilégiés : un peu moins de 40.000 habitants, une personne sur trois est millionnaire. La principauté compte justement quelques privilégiés de la planète cycliste : Peter Sagan, Primož Roglič, Cadel Evans, Geraint Thomas y ont élu domicile. Monaco sera notre destination du jour.
Rani est cycliste et alpiniste quand son emploi du temps chargé d’Universitaire le lui permet. Elle est chercheuse, spécialiste de la dynamisation des territoires, toujours en quête de solutions innovantes. Elle dirige un Master tourné vers cette thématique. Ce Ride of the Month promet d’être une expérience enrichissante.
Direction Monaco via le col d’Eze par les chemins les plus improbables, en gravel bien sûr. L’objectif est d’atteindre Menton en fin de matinée en empruntant les routes les moins fréquentées par les automobilistes. En point de mire, Gorbio un village médiéval perché qui par cette journée ensoleillée d’hiver offre un panorama hors-pair sur la méditerranée. l’heure d’une pause ensoleillée à la fontaine de la Turbie a sonné, le temps d’étancher la soif laissée par l’ascension du col d’Eze, puis remonter en selle et poursuivre le chemin.
Dix kilomètres plus loin, comme posé en équilibre sur la falaise, trône le Maybourne Riviera, hôtel de luxe fraîchement rénové dont les murs blancs offrent un contraste saisissant sur fond de mer bleue. A se demander comment le droit à défigurer à ce point le paysage a-t-il pu un jour être donné. Le bâtiment n’est reste pas moins une curiosité. Descente à fond de train pour atteindre Menton puis, une trentaine de minutes plus tard, Monaco.
C’est au pied de la Tour Odéon que Jessica a donné rendez-vous à Rani. Ce gratte-ciel de 170m symbolise à lui seul ce qu’est le marché immobilier dans la principauté : un déploiement vertical à des prix exorbitants. Au dernier étage de cette tour achevée en 2015, l’appartement le plus cher du monde domine insolemment la minuscule tâche d’espaces verts que compte la copropriété : 450 m2 d’un jardin pas tout à fait comme les autres. C’est ce petit lopin de terre qui suscite tout l’intérêt de la Chercheuse. C’est l’un des lieux où Jessica cultive fruits, légumes, fleurs comestibles et aromates, élève des poules et produit du miel grâce aux ruches disposées sur le plus haut palier du jardin.
Un pari incroyable qu’est celui d’optimiser l’occupation du moindre espace pour développer des jardins potagers dans le plus grand respect des règles de la permaculture. Comprenez agriculture permanente, un cadre innovant pour développer des modes de vie durables. Ici pas de pesticides, pas d’engrais chimique, les règles de la nature, en pleine ville, se suffisent à elles-mêmes.
C’est sur les toits d’immeubles et d’hôtels de luxe que les premiers jardins sont nés. Au total 5 espaces sont exploités à ce jour pour un total de 1600m2 cultivés. Toujours le même modèle : ce qui est produit est vendu aux habitants des tours ou aux chefs cuisiniers des grands hôtels auxquels appartiennent les jardins. L’entreprise Terrae que dirige Jessica est entièrement autonome et se suffit à elle-même. En 2021 la jeune entreprise aura produit 4 tonnes de fruits et légumes.
Jessica ne se cantonne pas à l’agriculture, ses jardins sont un fabuleux terrain de sensibilisation et d’éveil pour les enfants des écoles de Monaco, près de 3000 enfants passent chaque année sur ces minuscules terres cultivées. Le jardin du toit de l’hôpital de Monaco n’est quant à lui pas des plus fertiles mais il offre une vraie valeur ajoutée pour le service psychiatrique : des enfants, des adolescents et des adultes viennent y travailler. Une nouvelle dimension thérapeutique est totalement intégrée à leur parcours de soins. La jeune chef d’entreprise anime des séminaires, fait du consulting auprès de grands chefs et développe de nouveaux projets, à l’instar de cet immense Outlet Center en Belgique qui vient de confier à Terrae la culture de ses 10.000m2 de toits.
« Nous sommes 3 aujourd’hui pour faire tourner l’entreprise. C’est la première fois depuis 5 ans que je prends une semaine de vacances cette année. C’est beaucoup de présence et d’abnégation pour arriver au résultat que vous voyez ».
Jessica sera aussi prochainement conférencière à l’Université. Pour Rani, ce modèle économique innovant d’agriculture à échelle humaine est de toute évidence une expérience à transmettre et à intégrer à un cursus universitaire.
Retour à Nice, une nouvelle journée d’automne qui s’achève. Le vélo roule à vive allure sur la route de la Basse Corniche où la houle projette ses embruns dans le soleil plongeant de fin du jour. C’était un peu plus qu’une simple sortie vélo aujourd’hui, une invitation au rêve, à repenser notre réalité, notre manière de consommer et d'habiter un lieu, et cela toujours dans un dépassement de soi qui fait resonner de façon particulière cette phrase de Théodore Monod : « l’utopie n’est pas l’irréalisable mais l’irréalisé ».
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