Un long week-end à Los Angeles. Tant de choses à faire en si peu de temps ; nous avions deux jours. Rencontrer des amis qui habitent ici et leur expliquer cette situation délicate. Cinq secondes suffirent pour décider où nous irions.

'Baldy et Figueroa.' Vendu. Qui sommes-nous pour interroger les connaisseurs ?

Le Mount Baldy est la plus grande vedette du cyclisme de la région en raison de son calendrier annuel mis à l'honneur lors du Tour de Californie. Avec un peu plus de 20 km, 1 300 mètres de dénivelé dont une inclinaison moyenne de 7 %, il s'agit là d'une perspective assez décourageante. Et voici le point plus intéressant : cette moyenne se compose en partie de 22 % de dénivelé. Heureusement, nous ne sommes pas ici pour établir des records, il s'agit simplement de partager la route entre amis.

La sortie de la ville n'est pas une mince à faire. LA est sans aucun doute à la hauteur de sa réputation en terme de circulation et c'est pourquoi certains pourraient croire que la ville n'est pas faite pour le vélo. Cependant, une fois à Glendora, la circulation, le bruit et le stress se dissipent. La motivation de l'épreuve à venir semble provenir en grande partie des discussions sur les endroits où nous trouverons la meilleure bière et les meilleurs tacos. Ensuite, l'ascension du Village du Mont Baldy rappelle à tout le monde que c'est l'effort d'abord, la récompense ensuite et soudainement tout le monde se calme un peu.

Parfois, il semble facile de penser qu'on a tout vu, ou du moins qu'on l'a tout parcouru. On pourrait croire que les routes du monde sont en fin de compte les mêmes, que c'est seulement le paysage qui change, mais qu'elles conspirent toujours à vous surprendre. Du Col de Braus au Haut Atlas, on pourrait croire que l'on sait lire les contours de la route qui traverse les pentes vers le sommet. C'est peut-être le décalage horaire, les températures étonnamment élevées ou l'excitation d'un nouveau monde, mais nous sommes moins conscients de ce qui nous attend au prochain virage.

La dernière partie du Mont Baldy nous frappe au visage tel un gros coup de massue. Que vous essayiez de régler vos plateaux ou simplement de faire tourner vos pédales, à moins que vous ne soyez au niveau du 'WorldTour', les pentes abruptes exigent beaucoup d'efforts. Vous vous rappeler de cette sensation de ne pas être calé sur la bonne vitesse pour ensuite regarder en bas et découvrir qu'il n'y a plus de pignons ? Une série de 10 virages en lacets, qui montent crescendo avec des pentes de 13% à 22% et mènent au téléski du sommet. J'aurais dû prendre l'ascenseur.

La descente en retour du Mont Baldy est peut-être l'une des meilleures au monde. La route de montagne de Glendora offre une vue à des kilomètres à la ronde, et a en quelque sorte un air de Provence - à part bien sûr le panneau 'Bears Crossing '. C'est un paysage qui parait sec et rocheux, mais quand vous regardez autour de vous, il est recouvert d'arbres et de faune. Il parait même que l'on peut entendre le son des cigales chanter.

Après avoir posé la scène, on peut dire que l'alimentation a pris une toute nouvelle dimension. Selon Wikipédia, un beignet contient 452 calories et 38 % de l'apport quotidien recommandé en matières grasses. Dans 500mL de bière, vous obtenez en moyenne 204 calories. Inutile de dire qu'il n'y a pas de liste de calories au kiosque de 'The Donut Man', qui se trouve en bord de route. Un endroit magnifique et purement américain. Nous soupçonnons que c'est probablement au-dessus de la moyenne mondiale, et c'est tant mieux.

Une fois que la poussière (ou le sucre glace) est retombée, nous retournons en ville pour nous réhydrater, faire le bilan et planifier notre deuxième journée. Le qualificatif 'monstre' est souvent utilisé pour décrire la montagne de Figueroa, mais il a été décidé qu'une bière de plus ne pourrai pas faire de mal. On la brûlera demain, d'accord ?

Située dans la région Santa Barbara, au nord de Los Angeles, la boucle de Figueroa Mountain compte près de 1 500 mètres de montée. Cela devrait remettre le Donut Man à sa place et il suffit de vite comprendre qu'il ne s'agira pas d'une simple promenade dans l'arrière-pays Californien.

Un des aspects frappant quant à la sortie de 'Figueroa Mountain' est la rapidité avec laquelle vous vous sentez isolé. Il n'y a presque pas de circulation à proprement parler. Lorsque l'on grimpe et que l'on contemple le paysage sans fin, la civilisation semble déjà très lointaine. Des routes vides et une montée d'endorphines entraînent parfois quelques sprints. Leçon numéro deux à Los Angeles : ne jamais affronter un champion d'État. L'Amérique est profonde et le bassin des talents est vaste.

À l'approche du sommet, la vue commence à disparaître derrière les arbres, et lorsque nous arrivons en haut, il n'y a rien d'autre à voir que les arbres à perte de vue - tels les ombres de notre Turini. Et tout comme Turini, quelques minutes après avoir redescendu, la vue s'étire sur des kilomètres.

Notes: Photographie : Christophe Rousseau