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La dernière échappée #8

Imaginez un instant qu'il n'y en aurait plus qu'une, une seule sortie.

La dernière échappée #8

Un seul jour, un dernier chapitre, un dernier tour. De tous les kilomètres parcourus et de toutes les routes montées, qu'est-ce qui vous ramènerait à en faire l'expérience, une toute dernière fois?

La dernière échappée #8

UNE SOIRÉE AVEC MON PÈRE

Marshall Opel // Pêcheur à la mouche // @marshallopel

Il est un peu plus de 18 heures et la brise tire les graines blanches gonflées des peupliers le long de la rue. La journée de travail est terminée et ces journées prolongées de juin se traduisent par des promenades à vélo et des barbecues en soirée. Je suis le premier à rentrer et à préparer les vélos. De l'air dans les pneus et une boisson fraîche au citron dans nos bouteilles.

Nous nous accrochons et descendons la colline, tout en savourant le fait qu'aucun vêtement supplémentaire n'est nécessaire à cette période de l'année. Un virage à droite nous mène à travers le centre-ville de Whitefish où les touristes commencent à remplir les bars et les restaurants. Des camionnettes tirant des bateaux et des familles s'empilant hors de leur mini-fourgonnette, portant l'aspect incomparable du soulagement, ils ont atteint leur destination. Nous remarquons l'afflux annuel de plaques d'immatriculation provenant de l'extérieur de l'État qui peupleront notre petite ville au cours des prochains mois.

Notre itinéraire traverse la voie ferrée et se dirige vers le nord en direction de la destination de ski alpin de Big Mountain. Les tremblaies, et leurs feuilles vertes rayonnantes flottent dans la brise. Les jeunes chevreuils affamés cessent de dévorer l'herbe qu'il faut encore couper pour nous regarder passer. Le Lodge sur le lac Whitefish est plein d'activités, un stationnement complet signale les mariages et les fêtes à venir. Toute circulation se dissipe à mesure que la route longe la rive nord. L'air du lac remplit nos narines, faisant naître en nous la nostalgie d'une forme ou d'une autre. Une courte montée sur la route nous permet de nous lever de nos selles et de nous dégourdir les jambes. La journée de travail s'estompe au fur et à mesure que les milles virent.

La promenade ondule le long du rivage. La lumière tachetée du soleil et une brise douce du soir stabilisent la température. Un ciel bleu et riche nous fait rêver d'aventures possibles le week-end dans le parc national des Glaciers. Nous discutons et plaisantons, partageons des histoires sur notre journée de travail, nous nous rattrapons les uns les autres sur les événements mondiaux et les nouvelles locales.

Mon père n'est plus un athlète de première jeunesse, donc nous roulons à son rythme, c'est un plaisir pour mes jeunes jambes et poumons. Vers la fin de la route du lac, nous ralentissons pour examiner chaque nouvelle maison en construction. Gordon est toujours le premier à apprécier une architecture intéressante et un bon design. Nous nous arrêtons à la fin de la route et buvons dans nos bidons. Cependant, le bourdonnement des moustiques me fait remonter en selle rapidement. Mon père est moins rapide à reclipser. Peut-être qu'un peu plus de repos est nécessaire, mais je pense qu'il veut juste prendre un peu plus de temps pour apprécier la pleinitude du moment.

La vitesse est un peu plus rapide sur le chamin du retour. Mon père arrive sur ma roue arrière, j'ai le sentiment qu'il n'y a pas si longtemps, c'était le scénario inverse. Moi, regardant sa roue arrière qui s'efforce de rouler en ligne droite. Je réfléchis à la multitude de leçons qu'il m'a données, les plaisirs d'une soirée d'exercice détendue restent une pierre angulaire.

Notre route nous ramène à la ville où l'odeur des grillades imprègnent l'air du soir. Nous saluons les visages familiers et sourions aux étrangers. C'est l'été dans le Montana, un temps d'abondance, un temps de fête. Notre conversation se déplace vers ce qui appartient à notre gril. Burgers, patates douces, salade, et une bière fraîche sur le pont. C'est une belle vie et nous avons de la chance d'être en vie. Longue vie aux promenades d'été du soir.


La dernière échappée #8

POURQUOI VOUS LIMITEZ?

Jake Schuppe // Amoureux du Cyclisme & Conseiller // @jake.schuppe

Je crois que l'idée de votre 'dernière course' devrait être un excercice de créativité, pas si différent d'une 'utopie' ou d'une 'liste de rêves'. Des idées que vous construisez, développez dans votre esprit pour vous motiver à continuer vos propres aventures. Vous n'acheverez peut-être jamais votre 'dernière course' mais ce rêve vous a incontestablement amené vers d'autres aventures. Cela étant dit, voici mes dernières courses.

#1 Aventure Gravel

Je fais du vélo sur une route en gravel le long de la côte, l'air chaud souffle de l'océan et la pleine lune brille dans le paysage. J'ai roulé sur cette route presque toute la journée en descendant la côte dans les montées et les descentes. Chaque ville que je traverse a son propre caractère et je m'arrête pour apprécier le café local. Maintenant, je redescends la côte, fatigué et affamé. Mon dernier arrêt pour la nuit est la dernière ville le long de cette route, elle est éclairée devant moi et bien que ce ne soit pas ma destination finale, je me sens comme chez moi.

#2 Descendre les pentes pour la vie

Je suis au sommet de la montagne, il m'aura fallu plusieurs heures pour l'atteindre. L'air est froid et sec mais rafraichissant. Mon vélo est neuf et ne grince pas, la suspension est souple et réactive avec le parfait ajustement. Après avoir adapté ma vitesse et apprécié la vue une dernière fois, je me lance. Le sentier est fluide et prend de la vitesse rapidement, une butte après l'autre à travers un grand champ en pente. Chaque butte est un peu plus large et à chaque fois que j'en quitte une je le fais avec un plus de vitesse que la précédente. Le sentier m'emmène à travers les arbres où le terrain change rapidement passant des buttes à grande vitesse aux rochers techniques, à la boue, aux racines.
Les arbres sont resserrés et je suis à la limite du control. Chaque seconde mes bras deviennent de plus en plus tendus et il devient de plus en plus dur d'évoluer sur ce terrain technique. Les arbres perdent de leur densité et s'ouvrent dans une clairière avec une piste de pompe lisse et beurrée, intacte par rapport aux autres cyclistes. Chaque saut devient un peu plus progressif, je n'ai jamais été le meilleur ou le plus sûr de moi sur les sauts, mais la sensation de voler dans les airs et de suivre l'élan de mon vélo sur le bas côté du saut est celle que je ne pourrai pas oublier. Au bout de la ligne de saut, je m'arrête pour reprendre mon souffle, secouer mes bras et rire de la beauté ridicule de cette piste que j'ai trouvée. Quand je regarde la descente, je vois où j'ai commencé et le sentier fleuri sur lequel je suis d'abord passé.

#3 L'Équipe

Imaginez passer la ligne d'arrivée après la plus longue , la plus difficile course que vous n'ayez jamais faite. Quand vous descendez de votre vélo qui imaginez-vous être là pour vous féliciter et vous accueillir à la maison. Ces personnes sont votre équipe et sont les plus importantes pour vous. Mon équipe c'est ma famille, ma femme, mes parents. Peut importe la 'dernière course' que je ferai, mon équipe est toujours là avec moi pour me motiver à me remettre en selle quand je n'en ai pas la force ou pour m'encourager à chaque ligne d'arrivée passée.

#4 La véritable course - La course à travers le Minnesota

La Course à travers le Minnesota se tient une fois par an, à l'approche de la fin de l'été le 18 Août. Couvrant à peut près 240 miles (486 km) depuis la petite ville de Gary South Dakota et se terminant à Hager City Wisconsin. Pour ceux d'entre vous qui n'êtes pas familier avec le Minnesota, c'est au centre-ouest des États-Unis, niché entre the Dakota du Sud et le Wisconsin avec le Canada au Nord. L'endroit est connu pour son agriculture, ses nombreux lacs, ses hivers et ses petites villes. Parce qu'il y a tant d'agriculture dans le Minnesota vous pouvez trouver de belles routes de gravel sur des centaines de miles. Dans ce cas, 240 miles qui traverse l'État. La course commence à minuit samedi 18 Août, vous avez 24 heures pour compléter la distance et franchir la ligne d'arrivée dans le Wisconsin. D'après les résultats des précèdentes éditions vous vous apercevrez que le taux d'abandon est élevé avec le meilleur des meilleurs finissant en environ 13 heures. Ce qui fait que cette course est unique c'est que sur 240 miles il n'y a que 3 checkpoints. Quand vous commencez la course on vous donne uniquement des indications pour vous rendre au prochain checkpoint. Si vous êtes capable d'y arriver avant un temps donné ils vous donneront les indications pour votre prochaine direction. En dehors de ces checkpoints c'est une course en total autonomie, aucune aide extérieure de votre équipe n'est autorisée.

J'ai grandi dans le Midwest, juste à l'Est du Minnesota dans le Sud du Wisconsin. L'endroit (pas si différent du Minnesota) est couvert de collines, d'herbe verte, et de fermes avec leurs étables rouges sur des kilomètres. Le mode de vie est plus lent ici et plus simple que celui dont j'ai pu m'accomoder dans la baie de Californie. Près de la région où j'ai grandit, je pourrais retrouver cette simplicité. Prendre le moment comme il vient et apprécier l'effort , le silence, les étoiles et l'aventure.

La dernière échappée #8

RÉDEMPTION ALPINNE

Lori Nedecu // Chef & Dieticienne // Cycliste d'élie // @cadencekitchen

Demander à mes amis de me rejoindre pour un voyage à Briançon serait le commencement de ma dernière course. Le peu que je sache, ils accepteraient tous sans hésiter. Après avoir regardé Le Tour sur l'écran de mon ordianteur depuis mon canapé dans l'Ohio (où les routes sont plates comme des crêpes), nous préparerions notre dernière course de la rédemption afin de régler nos compte avec les Alpes.

Ce serait exactement comme avant. Notre groupe s'installe à peine dans la maison de location au sommet de la montagne avant d'assembler les vélos. Des cartes éparpillées sur la table de la cuisine, du vin rouge local coulant et de grands projets à l'étude.

Le lendemain matin, les cinq Américains du centre de l'Ohio se sont mis en route avec une exubérance joyeuse et des cappuccinos pour s'attaquer à la route du jour. La route que nous étions sur le point de reprendre n'était rien de moins que 90 miles et 13 000 pieds de routes, dont environ 40 milles de ' collines vallonnées ' (8 côtes de catégorie 4 et 1 de catégorie 3) avant d'atteindre le départ d'Agnel (HC). Nous grimperions le troisième col le plus haut d'Europe avant de redescendre et de remonter l'Izoard jusqu'à Briançon. C'était un plan intimidant mais qui semblait réalisable étant donné que nous étions tous des cyclistes en bonne forme.

Equipés, les poches pleines de snacks et de manchettes, on s'accroche et on décolle. Nous nous suivons pendant des heures à la poursuite les uns des autres dans les magnifiques paysages vallonnés des montagnes, à la recherche de tout ce qu'il y a de mieux. Chaque mille est un départ spectaculaire des vues des champs de maïs du Midwest des États-Unis.

Nous pédalons à travers Saint Martin de Queyrières jusqu'aux Vigneaux, le long de la Durance et nous nous arrêtons pour un long et paisible café. Le temps n'est pas une préoccupation pour ceux qui travaillent dans les montagnes et pourquoi ne pas simplement l'accepter?

Environ 45 milles plus bas et s'approchant d'Agnel, cette fois la fatigue ne vient pas. Personne ne fait demi-tour, mais dans la montée, nous nous séparons pour trouver notre propre rythme pour l'énorme tâche qui nous attend.
La pluie tombe mais seulement pour me rafraîchir au fur et à mesure que je trouve mon rythme de montée... Je sais que cette ascension peut vous mener à la fin. Je suis prêt pour le moment où mon esprit commencera à me jouer des tours alors que l'air s'amincit et me dira que je suis plus près du sommet que je ne le suis réellement. Je surfe sur les montées d'adrénaline servies par les vues du sommet et surmonte la fatigue profonde qui menace de déborder quand la route tourne dans l'autre sens pour remonter la montagne.

Seule sous la pluie, je serais heureuse de la place que j'occupe dans le monde. Et en arrivant au sommet avec le sentiment d'avoir accompli quelque chose, je suis devenue la 11ème femme la plus rapide pour prendre le Strava QOM. Je me remettais de l'effort que j'avais fait en me regroupant avec Luke et en prenant un autre selfie à la frontière franco-italienne.
Cette fois, nous serions mieux préparés pour la descente. Le soleil brillerait et nous descenderions la montagne en flottant. Il n'y aurait pas de frissons et d'abris à mi-chemin sur la route - nous ne nous arrêterions que pour prendre des photos des belles vues.

En conséquence, nous atteindrions le bas de l'Izoard avec beaucoup de temps pour profiter de l'ascension. Il n'y aurait pas de sauvetages dans le dernier fossé de la part de gentils hommes français comme lors de la précédente tentative de ce tour. Nous grimperions l'Izoard et son sommet juste au moment où le ciel se coucherait au crépuscule avant de redescendre avec le soleil vers Briançon pour un regroupement et plus de ce bon vin local.