INTERVIEW AVEC HUGO CHEVALIER

AMBASSADEUR CAFÉ DU CYCLISTE

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Hugo notre ambassadeur Café du Cycliste et co-fondateur de MadCap, un tracker GPS avec application mobile conçu pour l'ultra cyclisme nous raconte l'histoire du projet...

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Présente-toi en quelques lignes.

Hugo Chevalier, tête en l’air méticuleux, co-fondateur de MadCap et du Big Fat Ride, ultra-cycliste un peu, bikepacker enthousiaste beaucoup, et ambassadeur Café du Cycliste.


Qu’est-ce qui t’a fait commencer le vélo et surtout l’ultra ?

C’est terriblement banal ! J’ai fait mon premier trip à vélo en 2016, juste après avoir décroché mon diplôme d’ingénieur, plus pour passer le temps et réfléchir à la suite qu’autre chose. L’amour pour le vélo n’est pas arrivé tout de suite, mais l’ivresse ressentie en traversant des régions à coups de pédales m’a tout de suite saisi et grisé. Je l’ignorais alors, mais la première petite graine de ce qui allait me mener au bikepacking puis à l’ultra était plantée. Suite à cela, retour à d’autres réalités avec mon premier CDI à Paris : costume, chaussures en cuir et horaires impossibles, jusqu'à ce qu’en 2018 j’achète mon premier vélotaf à 200 € dans la cave d’un shop de vélo !

La deuxième graine était plantée, et c’est vite devenu le meilleur moment de ma journée. À peu près au même moment, j’ai rencontré les copains du Paris Chill Racing : les premiers rides, la découverte de cette communauté exceptionnelle, poète et farouche. Et puis tout a commencé à s’emballer. Le bikepacking m’a emporté dans sa vague, avec mon premier vélo gravel digne de ce nom. Ça a été pour moi une réelle libération, l’occasion de jouer les Jack London ou les Kerouac chaque week-end, simplement en partant de chez soi.

À ce moment-là, j’ai commencé à entendre parler de l’ultra, mais c’était encore très intime. Les quelques échos que j’avais me laissaient rêveur, mais alors plus comme on écoute un rêve d’astronaute que comme quelque chose de réellement accessible. Ce sont mes premiers échanges avec certains ultra-cyclistes qui m’ont fait changer d’avis. Un an après l’achat de mon premier gravel, je m’inscrivais à la Born to Ride qui ouvrit le bal aux années suivantes avec une Desertus, une Three Peaks Bike Race, et la TCRno9 (abandon sur blessure au genou après 3 000 km-snif). J’écris ces lignes à quelques jours du départ de Badlands et une Desertus est déjà planifiée pour 2025.

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Bref, les bêtises continuent.

Quand et comment as-tu rencontré Sam, le co-fondateur de MadCap ?

Sur les Big Fat Ride dès la première édition, en pleine crise du Covid. Je me dois donc de faire une mini-digression sur les BFR ici : suite à mon premier ultra, j’ai rencontré Sabine et Clément avec lesquels nous avons cofondé le Big Fat Ride. Le but de base était simplement de trouver d’autres personnes pour faire des 200/300 km chaque mois, et de rassembler une communauté déjà existante mais sans rendez-vous réguliers. Sam faisait partie de cette communauté ainsi que des tout premiers participants du Big Fat Ride. Il avait entre autres une NorthCape4000 derrière lui. On est rapidement devenus potes et les premières bières ont vite complété les BFR mensuels ! Et comme un BFR laisse le temps de discuter, on a eu pas mal d’occasions de parler travail. Tous deux ingénieurs de formation avec des métiers bien différents, on avait une belle complémentarité pour ce qui allait suivre…


Quand vous est venue l’idée de créer MadCap ?

C’était il y a un an exactement. Plusieurs étoiles se sont alignées, trop pour passer à côté de ce projet fou ! De son côté, Sam est un solide ingénieur en développement depuis 15 ans, le genre de profil que les recruteurs s’arrachent. 

Il venait de finir ses contrats et se dirigeait vers de nouveaux projets. Il avait déjà collaboré pour le fun avec Yvan, l’organisateur de la Desertus et de la Nomadian, sur quelques problématiques informatiques de la deuxième édition de la Desertus. Yvan lui demande alors s’il y a moyen de mettre sur pied un système de dotwatching maison pour la prochaine édition… De mon côté, je venais de quitter ma société après 7 ans d’ingénierie d’affaires, bien décidé à passer à autre chose et à laisser les costumes au placard. Sam le savait bien. Alors qu’on préparait notre TCRno9, il me présente le projet et me propose qu’on s’associe : lui pour la partie tech et moi pour la partie commerciale et projet. Je connais aussi bien Yvan pour avoir collaboré avec lui sur quelques projets, notamment celui de boire un verre ou deux. 

En parallèle de tout ça, ça faisait un moment qu’on râlait sur les systèmes de dotwatching existants, que nos proches non initiés n’arrivaient pas à nous suivre faute d’outils clairs et accessibles. Sur le papier tout y était : nos métiers, nos expériences à vélo, notre disponibilité, notre expérience de dotwatcher autant à vélo qu’en tant que spectateur, un beau réseau dans la communauté, un premier client (et quel client, 300 participantes et participants !), et une grande frustration de notre part et de celle de la communauté face aux outils existants. À partir de ce moment-là est née une obsession qui ne nous quittera plus : développer le meilleur outil de dotwatching pour la communauté du sport outdoor et leurs proches. Mais la route était encore longue. Il nous manquait notamment un designer.

Vous connaissez Victor Bouscavet ?
Il design aussi efficacement qu’il pédale et a été le 3ème homme pour les premières semaines de design de l’application mobile que vous avez aujourd’hui entre les mains.

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Qu’est-ce qui différencie MadCap des autres solutions de tracking ?

Dès le début du projet, on voulait une solution facile d’utilisation pour toutes et tous, belle, moderne et taillée pour l’ultra à vélo. C’est selon nous ce qui manquait cruellement sur le marché. Cela passe indéniablement par une application mobile, nous sommes les seuls aujourd’hui à réellement en proposer une. Nous venons tous de l’ultra, on sait exactement ce dont on a besoin en course sur un vélo. On sait qu’appuyer sur un bouton trop petit sur l’écran de son téléphone de nuit sous la pluie est un enfer ; qu’on a une ou deux secondes tout au plus pour lâcher la route des yeux, tout doit être à portée de main. On sait que charger un tracker est contraignant et qu’on est partisan du moindre effort ; que nos proches se moquent souvent des data, qu’ils sont plus souvent inquiets pour nous, et que la seule chose qui les rassure, c’est ce petit point lumineux sur un écran la nuit. Ce sont tous ces aspects qui ont guidé le design depuis la page blanche jusqu'à aujourd’hui. De plus, nous développons l’app nous-mêmes à 100 %, ce qui nous donne la liberté d’évoluer comme bon nous semble. La différence entre la première version mise en production et celle qui clôture la saison est énorme, alors imaginez dans un ou deux ans !


Une anecdote à partager lors de la création/conception ?

Ah ! Je ne sais pas si c’est une bonne idée mais je vais partager la pire. Considérons ça comme un moyen d’exorciser publiquement ce moment : le lancement de MadCap. La première fois que MadCap a été révélé au public, c’était lors de la Desertus Bikus, un des plus gros ultras d’Europe avec plus de 300 inscrits et des têtes d’affiche que toute la communauté voulait dotwatcher. Se lancer là-dessus avec une app si jeune, c’est clairement rock’n roll, fou ou inconscient, je laisserai le lecteur juger. Mais nous savions exactement ce que nous faisions. Tout était prêt à supporter la charge : nous, l’app et… les serveurs.

On savait que le trafic web allait être énorme, on avait tout prévu. Et pourtant… pour une raison hallucinante et alors hors de notre portée, le mécanisme mis en place a été bloqué par notre hébergeur cloud le premier jour de course malgré tous nos tests. Ce fut la catastrophe : cellule de crise, l’app n’était plus accessible. On savait que tout le monde nous regardait : les autres organisateurs (donc nos futurs clients…), les concurrents, les coureurs, les dotwatchers. Yvan a eu une réaction que je trouve encore aujourd’hui fantastique (j’ai envi d’écrire “Badass”) : alors qu’on aurait pu ruiner son événement, que la pression et la fatigue étaient à leur comble, il nous a simplement dit avec calme : “Débrouillez-vous, faut que ça marche, je vous fais confiance.” Et vous savez quoi ? C’est ce qu’on a fait :) Tout est rentré dans l’ordre le premier jour de course, non sans mal car notre hébergeur faisait le mort. Sam a dû monter des serveurs à la main dans toute l’Europe, le tout dans un bus entre l’Espagne et le Portugal, je vous laisse imaginer l’ambiance. L’incident est encore en cours de débat chez notre hébergeur cloud, mais forts de cette mauvaise expérience nous avons depuis mis en place les serveurs les plus robustes de l’Ouest, je mets au défi n’importe quelle course de les mettre à plat. Pour preuve : le week-end suivant la Desertus, nous repartions pour une autre semaine avec 300 trackers, cette fois-ci sans le moindre accroc. Ce fut la première et la dernière fois, nous nous en sommes donné les moyens, et avons pu au passage montrer notre capacité à régler un problème majeur en plein direct.


Quelque chose à ajouter ?

Oui : On attend tous avec impatience que vous sortiez un cuissard Audax avec des poches. C’est prévu ? Je demande juste, c’est pour un ami...

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Ton voeu est exhausé Hugo ; notre nouveau cuissard Audax Rosie possède des poches cargo. 

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