Mars : Poggio Pilgrimage

La Primavera. La Classicissima. Le Milan – San Remo. L'un des cinq monuments du cyclisme professionnel, la plus longue course d'un jour du calendrier, avec une longue histoire et une renommée mondiale. C’est une course dont nos voisins italiens sont fiers, et à juste titre. Son final, sur le Poggio, se trouve à proximité de Nice.

L'Italie ne semble pas si lointaine puisqu’on peut la voir de ses propres yeux en faisant le tour du Cap de Nice. En fait, la frontière se trouve à 30 km puis après 50km, à Ospedaletti, l’une des meilleures pistes cyclables d’Europe commence.

Accès n° 1 : c'est une question fréquemment posée pour savoir si la route côtière n’est pas trop fréquentée pour être agréable. La réponse honnête est qu'elle peut l’être, mais si vous apprenez à la parcourir, c'est une véritable expérience ; une véritable fête du cyclisme côtier et de la vie humaine sous toutes ses formes dans trois pays différents.

Avant la frontière, la Côte d'Azur offre des paysages et des sons extraordinaires, notamment en passant par Monaco, le pays où les vélos en carbone peuvent aller plus vite que les belles voitures lorsque les rues étroites qui accueillent le Grand Prix sont ouvertes à tous. Après Monaco, une rapide montée sur Menton offre une vue impressionnante sur la baie surplombée par les hautes montagnes dont le Col de la Madone et le Col de Castillon. Prochain arrêt, l'Italie.

Nous l'avons déjà dit, l'ambiance change dès le passage de la frontière. Tout est juste, eh bien, plus rapide. L'hypothèse la plus évidente est qu'on y boit plus d’expresso. Ventimiglia en est peut-être l'exemple parfait, c’est une ville qui bourdonne littéralement. Il y a peut-être un côté touristique lié à la route en bord de mer, mais le fait de traverser la rue principale à vélo montre ce qu’est une vraie ville italienne. Les magasins indépendants dominent, on ne trouve pratiquement pas d’enseignes internationales, les cafés servent de petits expressos à une clientèle debout et des vespas 'vesp' vont dans toutes les directions. Levez les yeux et admirez l'architecture si vous avez une petite seconde de libre. C'est époustouflant.

Hormis la traversée du pont ferroviaire à côté des anciennes ruines romaines, il n'y a pas de véritable séparation entre Vintimille et Bordighera, ce qui prolonge l’ambiance et ce n'est qu'après qu'il est possible de respirer avant de rentrer dans Ospedaletti. C'est d’ici que vous pouvez rejoindre la piste cyclable italienne, construite sur l'ancienne ligne de chemin de fer, qui traverse San Remo, passe par le Poggio jusqu'à San Lorenzo al Mare et le bas de la montée de la Cipressa. Celle ci est connue comme l'une des meilleures pistes cyclables d'Europe. En entrant dans le premier tunnel un kilomètre à peine après Ospedaletti, vous trouverez en bas et en haut des extraits de l'histoire de Milan-San Remo. Au plafond, les anciens vainqueurs sont immortalisés avec des photos et de petits textes à propos de leurs victoires. Au sol, des citations montrent la fierté locale pour la Primavera.
Même les fans de course les plus occasionnels ne peuvent s'empêcher de s'enthousiasmer à l'idée de ce qui les attend : peut-être deux des plus petites mais des plus célèbres ascensions du cyclisme professionnel.

Accés n°2 : la Cipressa est une ascension plus intéressante que le Poggio. Elle commence à San Lorenzo al Mare, la pente est raide au début, mais s’atténue rapidement pour se transformer en une douce montée à travers les oliveraies. L'épingle à mi-parcours vous indique la direction de San Remo, puis la montée vers le village avec le clocher de l'église, un bon repère au sommet. Et ce sommet est spécial. La route se rétrécit en une seule voie entre l'église et les maisons traditionnelles qui la surplombent. Ne grillez pas le feu dans le but d’obtenir un temps sur Strava. Il y a un nouveau café sur la Piazza Mazzini où l'on peut boire un bon espresso et déguster des paninis bon marché.

Le passage de la Cipressa vers le Poggio est à anticiper. La fameuse descente de Kelly en 1992, Erik Zabel qui s'est levé trop tôt, la victoire de Cav du premier coup, le lancer de dés de Nibali qui a semé le trouble parmi les favoris de la course. Tout le monde a des souvenirs de cette course. Le Poggio a toujours un effet sur le résultat, que ce soit des défaillances dans la montée de 3,6 km, un puncheur qui attaque ou un petit groupe qui échappe au peloton. Sur la route côtière, avant d'attaquer la montée, regardez vers le haut, comme le font apparemment les pros, pour repérer le phare qui indique que l’embranchement est proche.

Avec de l’énergie ou des jambes fraîches, les amateurs peuvent monter sur le grand ring. Si vous avez déjà monté les cols classiques des Alpes-Maritimes, il est plaisant de monter à un rythme plus rapide. Les épingles demandent de la concentration et l'écriture sur la route marque une certaine ambiance. Par les serres, en montant l’une des rampes les plus raides, vous arriverez au panneau de la ville de Poggio, qui vous conduit vers le sommet.

En haut, se trouve peut-être la cabine téléphonique la plus célèbre du monde du cyclisme, où commence la descente. Le Poggio est presque aussi célèbre pour sa descente que pour sa montée. Comme l'a montré Sean Kelly, il faut être capable de jouer avec la gravité et la vitesse dans les viirages ainsi que les watts pour pouvoir gagner San-Remo. Profitez de la descente, mais n'oubliez pas que la route n'est pas fermée.

Accés n°3 : vous n'avez pas besoin de faire tout ce trajet. Il y a des gares à San-Remo, Ventimiglia et Menton si, comme nous, vous passez trop de temps à boire un espresso et manger une pizza et que vous vous retrouvez à court de lumière du jour.